Autrefois le Couserans, 29ème édition, pari tenu!
Alors que quelques semaines avant les dates fatidiques des 31 juillet et premier août l'incertitude était de mise, la réunion avec les officiels le vendredi juillet levait toutes les hypothèques. La dernière réunion du suivie de celle du conseil d'administration dissipait les dernières ombres. Dans l'opinion c'était plutôt une défiance fréquente teintée d'un certain pessimisme. Cependant tout le programme était lancé; les invitations des groupes extérieurs, la préparation de la revue, l'organisation des repas, les campagnes de presse, les prêts des costumes. L'énorme machinerie bien huilée n'était pour le moment ralentie d'aucun grain de sable. L'assemblée générale au foirail le est totalement enthousiaste. Les troupes sont enhardies et prêtes à en découdre. La dernière réunion du mardi repasse le programme en revue de détail. Les plaquettes sont prêtes à être distribuées. Chacun en prend un paquet. L'année a été beaucoup moins prolifique quand aux rentrées publicitaires mais un bon nombre d'annonceurs a joué le jeu. Ainsi une belle édition de la revue de 26 pages a 10000 exemplaires a pu être réalisée. Énorme travail de préparation d'Eric et du président.
Le jeudi une petite information négative s'oppose à une plus heureuse. En effet le petit Renault gazogène sis à Viella montre quelque essoufflement et ne démarre pas. Par contre, Michel, de Cérisols demande à Philippe le maître équin, si sa belle fille Agathe peut amener la belle jument Percheronne et sa petite mule de deux mois au défilé. Que oui!
Finalement autre bonne nouvelle, Bernard annonce le mercredi 28 qu'il a pu changer le moteur du gazogène, il en avait un de rechange le veinard, et que tout fonctionne au carré. Il viendra le dimanche matin en étant parti de Viella à 3 heures. Quand Saint-Girons attire, rien ne résiste!
Dans les coursives comme d'habitude les équipes s'affairaient à qui mieux mieux. Côté mécanique, forgerons, mécaniciens, menuisiers, ébénistes, serruriers, peintres œuvrent toute l'année plusieurs jours par semaine dans les ateliers d'ALC, tels des abeilles dans une ruche, briefés de main de maître par Paul dans une bonne humeur inégalable.
Là haut dans la salle des vestiaires, naguère salle de remplissage des lessiveurs et de la préparation du collage des papiers fins et soyeux de la vénérable papèterie, les dames de l'association outre l'entretien des costumes, ont confectionné 5000 cocardes à vendre pendant les journées inoubliables. L'équipe Fofo préparait de son côté la taverne du bi petit. Une organisation qui ne doit rien laisser au hasard au niveau des denrées et du matériel pour assurer le service.
Ces journées de fête sont devenues une institution dont l'épine dorsale est constituée d'une immense chaîne dont tous les maillons sont solidaires.
Nanou, la grande prêtresse du défilé, coordonnait la position des groupes et des chars dits à thème. Le matin du grand jour, tous les emplacements sont numérotés au foirail. Gare à celui qui ne trouve pas sa place!
Sabine et Philippe, responsables des bovins et équins, s'assuraient que les attelages et les cavaliers ne feraient pas faux bond. Mais non, Saint-Girons a acquis une telle notoriété que toutes les passions confluent naturellement vers la belle capitale couserannaise. Qui plus est une liste des animaux, de leur race, de leurs prénoms, de leurs propriétaires est préparée à l'avance et remise aux commentateurs. C'est aussi bien qu'aux jeux olympiques, non? En tout cas pratique et agréable.
Le travail de secrétariat, à ne pas négliger. Laure est au front et fait face. Registre des prêts de vêtements, envoi des factures, préparation des cartes d’adhérents, des tickets repas. Tu n’avais pas une ascendance chez Colbert par hasard, Laure ?
Autre problème épineux : les repas du samedi soir et du dimanche midi. On voyait souvent Laurent, fidèle préposé à l’intendance, parcourir les rues de Saint-Girons. C’est que pardi il visitait les restaurants pour loger les participants. En fin diplomate, il a réussi à caser tout le monde, qui plus est-ce jour là où les appétits sont féroces.
Question sécurité, dès le jeudi les légionnaires de Louis acheminaient les barrières de sécurité aux endroits stratégiques, transportaient les barnums et les montaient le vendredi. Jean-François qui siégeait aux réunions officielles, chargé de la sécurité, avait recruté de nouveaux éléments venus lui prêter main forte le dimanche. Le samedi matin, un petit groupe parcourait la ville pour placer les affichettes stipulant “masque obligatoire”. Du lundi au jeudi, l’équipe des légionnaires de Paul (Philippe, Roland, Alain, René, Michel, André et Rémi transportent chars, charrettes, remorques au foirail pour le grand jour. Nouveauté, le rouleau Richier repeint à neuf est de sortie. Il est amené en remorque au foirail. Il est prévu tout à fait en queue de convoi. Les irrégularités du sol n’ont qu’à bien se tenir !
Le président serein en apparence, tendu en son for intérieur, supervisait constamment chaque tâche. Un travail d’enfer qui a dû occasionner quelques troubles de sommeil.
Larguez les amarres !
Le jeudi soir l’entrée en matière c’est sur le parvis de l’église.
Vendredi soir.
Grand concert avec le chanteur basque Olaïzola. C’est un moment inoubliable, chanteur et public sont en symbiose et vivent un véritable enchantement. Le Bi Pétit entre en action, ce lieu fort sympathique et devenu mythique. Les tenanciers sont extrêmement accueillants, les clients du jour consomment avec allégresse. Tout est pour le mieux ! Les bonbonnes vont se vider, la caisse va se remplir.
Samedi 31 juillet.
Le matin il bruine assez fort, le monde est tout de même assez dense au marché du boulevard Frédéric Arnaud, un peu moins au vide grenier. L’inauguration a lieu au Bi Pétit en présence des officiels. La machine est lancée. Qui pourrait l’arrêter ?
Les vieilles voitures.
Le champ de mars est libre. Alors que sur la place de la mairie, Paul et ses assistants mettent la scie au point, animé par le gros moteur Baudoin, les belles autos silencieuses et presque furtives se glissent sous les platanes centenaires. Il en viendra douze des environs de Saint-Girons (Simca 1000, 202, tractions, MG, 4 chevaux, 2 chevaux, R16, DS), et le club de Salis qui déboule avec 15 voitures. Leur arrivée sur le pont vieux, bien visible depuis le champ de Mars est des plus belle. Les mobylettes (15) encadrent la troupe. A 15h49 la colonne s’élance pour deux tours de ville. Les voitures sont groupées, le nombreux public est ravi. Depuis 13h la pluie a cessé, pourvu que ça dure. Pendant ce temps la scie a fonctionné. La place est fort animée. Le groupe folklorique des landais, les échassiers, arrive en fanfare et donne une petite aubade devant la mairie. C’est spectaculaire ! Sur la place du palais des Vicomtes, le spectacle équestre de Laurent Galinier fait suite au défilé des vieilles voitures. Peu à peu le monde reflue vers le square Balagué. La rue Jules Desbiaux est envahie.
La route du bois.
A 18h, les cavaliers de Lorp ouvrent cet épisode. Hélas, dame pluie s’est invitée et va tomber durant toute la soirée. La température est très fraîche. Les chevaux sont suivis des splendides attelages bovins, des bœufs Salers, Suisses et Aubrac de l’intrépide trio François, Benjamin et Pierrot. Plus spécialiste qu’eux, se mettre à l’œuvre ! L’attelage de François avec le trinque balle atteint presque 18m de long.
La technique du câble.
C’est le commando de Robin, Cyril, Mathieu et Pilou qui officie aidé par les bœufs suisses de Benjamin qui tirent le câble. Ce long câble est attaché à un point fixe, l’autre brin passe au-dessus du tronc et à la traction celui-ci roule sur deux plans inclinés jusqu’au char. Les bœufs sont très obéissants et doivent s’arrêter au bon moment au risque de flanquer le tronc du côté opposé au changement.
La longue manœuvre est effectuée avec brio mais le public a quasi déserté les rangs, animaux et matériels rejoignent le foirail. C’est l’heure du souper, qui à l’Union, qui chez Faur. En soirée, le feu d’artifice sera quand même tiré mais Paul renonce à allumer les brulots. Demain ira mieux.
Dimanche 1er Août.
Le jour n’est pas encore levé que les machinistes sont à pied d’œuvre au dépôt de Lorp dès 6h10. Même Bernard de Viella, parti à 3h est arrivé dans les tout premiers. Chacun gagne son engin, démarre son moteur et se tient prêt à embrayer. Les deux motards de la brigade sont sur place. Toutes les ardoises sont attachées aux tracteurs. Un inédit H avec André à son volant, un tant soit peu inquiet fait partie de la cohorte. A 7h10, Paul donne le coup d’envoi. Un petit nuage de fumée bleuté surmonte le long serpentin. Marie est très appliquée au volant du petit vigneron. 35 minutes après Saint-Girons accueille la division de la mécanique au boulevard Frédéric Arnaud. Le “P'tit” gris de Polo a cafouillé vers la gare mais arrive finalement et de la journée ne posera plus aucun problème. Jusqu’à 9h c’est le moment d’un petit entracte. Avant le casse-croûte, chacun papote devant son tracteur. Déjà 2 ans que le dernier rassemblement avait eu lieu. Devant chez Dijeaux, le mythique Saurer conduit par Germinal et accompagné de Francis attend le signal du départ. Valentin et Marcel affectés aux remorques des amuse- gueules et du baron Haussmann sont allés atteler au foirail. A 9h Paul juché en hauteur dans la cour de Tutti Frutti, harangue les équipages, souhaite la bienvenue aux conducteurs et passagers, invite ceux qui ne l’ont pas à prendre la carte, indique les restaurants ou doivent aller les différents groupes et souhaite bon appétit à ce brave monde.
Au foirail, les préparatifs vont bon train. Tous les animaux qui vont s’immiscer dans le défilé se préparent. Groupes et attelages ont un ordre de passage bien précis, c’est la tâche ardue de Nanou, maîtresse en la matière. Daniel se tient à l’entrée du foirail, de son œil infaillible il surveille le bon déroulement des opérations et met la pression sur ceux qui risquent d’avoir un peu de retard. La belle jument Câline est d’une impavidité remarquable. Sa petite mule Licorne ne se doute pas du bain de foule qui l’attend, elle n’était pas dans le secret ! Agathe la meneuse est légèrement inquiète mais tout ira bien.
Après avoir inspecté l’immenses noria des engins prêts à partir – le départ est donné à 10h précise - le propriétaire de la bicyclette hirondelle rejoint son poste aux monuments au mort. A 10h25, le majestueux camion arrive tranquillement place François Camel. Tout un symbole. L’équipage est radieux. Il y a de quoi ! Avec une telle mise en scène, le public est honoré ! La puissante sono permet d’envoyer un message aux tractoristes, d’évoquer brièvement l’histoire des marques et des différents modèles et de remercier le public. Paul fait une petite apparition et envoie un petit mot de bienvenue avant de rejoindre son poste au square Balagué.
Le déboulé des tracteurs est somptueux, ils sont correctement espacés. Sans doute un peu moins que d’habitude. Sans exception ils sont tous des habitués. Le petit gazogène Renault de 1942 est là pour la deuxième fois. Il vient de Viella dans le Gers et fonctionne à merveille. Vient ensuite le groupe des ineffables bethmalais suivi des splendides chevaux castillonais de François très élégants dans leur robe brun pangaré. Les arabes de l’écurie de la maison blanche superbement montés maîtrisent à la perfection leur vitalité inépuisable.
A suivre...