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22 juin 2023 4 22 /06 /juin /2023 20:10
Orange et Orange
Orange et Orange
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Orange et Orange
Orange et Orange
Orange et Orange

Orange et Orange

 

 

Le remorqueur de la DMA et le remorqué de Nuffield

 

 

Il est 16h30 ce beau dimanche 30 avril après midi lorsque le convoi s’élance du Cap Blanc. A 8h Marcel avait lancé le programme pour extraire le Nuffield de son repaire de Taurignan-Castet et l’amener à Saint-Girons.

Le magnifique Renault 145-14, production de la Division du Matériel Agricole (filiale de Renault créée en 1954) à Pontlieue au Mans de 1981 à 1989 est chargé de remorquer le non moins beau Nuffield DM4, production de la William Richard Morris d’Oxford de 1954 à 1959. Le Renault piloté par Marcel, 6,061 tonnes à vide, équipé de son treuil Krpan commercialisé par le Matériel Forestier Astic n’aura aucun mal à tirer sa charge de 2,4tonnes. Comme il n’a pas quitté son garage depuis des lustres, la plus grande prudence est requise. Comment va se comporter la direction? Fernand était allé chercher cet engin à Tournant dans le Gers et l’avait ramené par la route ? C’était déjà une belle opération.

Les dernières vérifications faites et les photos de circonstance prises, le trajet est abordé. Il n’y a jamais que 13km à parcourir et rien ne presse. La direction a un jeu considérable, aussi la vitesse est très réduite. Les freins répondent bien, il n’ y a aucun bruit particulier, boîte et pont sont on ne peut plus silencieux.

A Perrot , premier hameau du parcours, plusieurs habitants sont sur leur devant de porte, surpris de ce convoi exceptionnel, une voiture ouvreuse à l’avant conduite par Damien et une à l’arrière en serre file menée par André. Qui aurait pu se souvenir de ce tracteur orange parqué depuis des lustres dans son hangar d’où il n’était jamais sorti ?

A Laynat les tractoristes ne passent pas inaperçus non plus. Dans la descente qui suit, Marcel réduit un peu l’allure suite aux injonctions du conducteur arrière qui alerte Benjamin juché dans la cabine. Le mastodonte équipé de son magnifique 6 cylindres MWM ne sent pas sa plume.

Il faut sans arrêt corriger la trajectoire de rapides coups de volant pour maintenir le clipper dans un sillage à peu près droit. Si le Titanic en 2012 avait eu une barre avec autant de jeu, il serait rentré de plein fouet dans l’iceberg et l’aurait peut-être partagé, qui sait? La vitesse diminuant, il est plus facile au Nuffield de garder le bon cap.

A Taurignan-Vieux les 5 dos d’âne sont franchis au pas. On ne sait jamais, il serait bien embêtant de perdre un essieu ou d’éclater un pneu.

Au moulin de Gajan, grandes salutations avec Gilbert qui est au spectacle devant sa porte. Peu quelques instants de pause chez le transporteur Souquet. Marcel doit y négocier quelque affaire. André est inquiet de voir que la liaison entre la barre de remorquage et le Nuffield est faite avec des cordages.

-tu vois, lui dite le conducteur, c’est une aussière.

- elle risque de craquer. Il y a de quoi la remplacer ?

-non, il faut bien un peu de folklore dans nos pérégrinations !

En repartant il est décidé de passer par Saint-Lizier pour moins gêner la forte circulation sur la 117. La côte, si elle est raide, est rondement gravie par le gros Renault dont le splendide moteur 6 cylindres MWM est digne d’un bruit de camion. Dans l’avenue Albert Regagnon la vitesse déjà peu élevée est légèrement réduite vu le revêtement cahoteux. Devant le café Faur c’est une salve d’applaudissements qui accueille les tractoristes vu que tout le monde a reconnu Benjamin en coéquipier de Marcel. Rue Villefranche, devant l’ancien Prisumic, c’est la rupture d’attelage. A la SNCF quand ce genre d’incident arrive grâce à un mécanisme automatique tout le train stoppe (cf le livre de Dominique Serrayet “Baron du Rail” aux éditions de la vie du Rail). Là en l’occurrence, pas question, le 145-14 continue comme si de rien n’était. Toutefois, Benjamin à la vue de la barre de remorquage qui frotte sur le bitume et dégage une flopée d’étincelles, alerte Marcel. Le Nuffield court sur son erre pendant quelques mètres et se gare sagement devant la boutique Orange comme si par miracle une place l’attendait là à ce moment précis. L’attirance des couleurs sans doute ?

La liaison restaurée c’est la rue Yvette Garrabé qui est franchie, le feu tricolore sur le boulevard et enfin le chemin de Saudech vers la destination finale. Point besoin de se presser, il fait beau, le passage est libre, les goulets d’étranglement sont derrière. Arrivés à la Coume, une marche arrière vertueuse est effectuée dans le passage très pentu avant le hameau de Magarat. Le remorqueur doit réaliser avec maestria deux manœuvres pour reprendre la cap vers la succursale de la IH à 200m de là et une dernière marche arrière couronnée de succès permet de glisser le remorqué dans son nouveau stationnement provisoire devant le fabuleux H.

L’attelage après un calage soigneux peut être déverrouillé. Le prodige de la DMA de Pontlieue se gare sous la toute nouvelle rotonde.

Le DM4 de Nuffield semble scintiller ‘une toute nouvelle gloire et dire en même temps ; que me voilà arrivé dans un bel oasis, je vois ici du bleu empire Fordson, de l’orange 338 Renault, du rouge rubis Mc-Cormick, du gris Ferguson, du rouge et gris Massey-Ferguson et même un étrange David Brown vert.

Merci les tractoristes de m’avoir extirpé de mon repaire secret, c’est un nouveau bonheur qui m’attend.

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