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23 août 2023 3 23 /08 /août /2023 05:54
Extraction du grand Farmall de Saint-Dizier
Extraction du grand Farmall de Saint-Dizier
Extraction du grand Farmall de Saint-Dizier
Extraction du grand Farmall de Saint-Dizier
Extraction du grand Farmall de Saint-Dizier
Extraction du grand Farmall de Saint-Dizier

Extraction du grand Farmall de Saint-Dizier

 

Quoi de plus naturel pour sortir le F267 de sa gangue végétale, de le remorquer avec le géant de Doncaster, familièrement surnommé Balou par son entourage. Alors ce jeudi 2 mars l’opération extraction est programmée. Louis, André et Alain ne seront pas de trop. Le B est placé devant son petit frère, la barre de remorquage fixée et le premier essai commence. Malheur, les deux roues motrices sont bloquées alors que les freins ont été enlevés auparavant. Après quelques essais – marche avant, marche arrière – rien n’y fait. La troupe est déçue mais pas angoissée. Après tout, il n’y a pas le feu au lac. Pas la peine d’insister s’écrient les cheminots. Au pire, suggère l’un d’eux, il peut être tiré jusqu’au goudron. Sur la terre, aucun organe ne saurait être cassé, après il peut être embarqué dans un polybenne.

 

  • Ah, pas question ! crie son nouveau propriétaire. Il rejoindra Saint-Girons en remorque oui, et sur ses propres roues. Pour y voir plus clair, il faudra lors d’une prochaine étape lever le bloc du relevage et regarder dans la transmission ce qui se passe. D’ailleurs, regarde André, il y a une petite trappe sur le marchepied droit, enlevons la pour jeter un coup d’œil. Cet appendice est vite ôté.

 

En effet, ce n’est pas très beau à l’intérieur. La rouille a envahi la pignonnerie. Pour aujourd’hui l’affaire est ajournée. Nous verrons Henri qui nous lèvera le bloc avec son Case CX70 équipé de la fourche.

 

Opération levage samedi 4 mars.

 

A 14 heures, le Case attend à l’entrée de la piste. Ce tracteur se demande ce qui arrive. L’énorme bloc est vite dévissé. Henri se met bien en ligne, une sangle est placée sous le bras de relevage et à l’avant du bloc puis sur deux dents de la fourche. Au commandement, levez ! La sangle se tend et hop, le bloc se décolle, Henri recule et pose la grosse pièce délicatement au sol. Aussitôt, les mécaniciens s’approchent des entrailles qui sont maintenant à l’air libre. Côté pont, la pignonnerie est magnifique et baigne bien dans l’huile, très belle d’ailleurs. Côté boîte, c’est beaucoup moins beau. L’explication est simple, l’eau a suivi un cheminement tout tracé par le levier de vitesse (une vidange partielle de la boîte lors du deuxième examen avait permis de voir qu’il était sorti pas mal d’huile) et le grippage des pignons s’en est suivi. Quelques forbans avaient d’ailleurs dû essayer de trafiquer les vitesses puisque les rapports étaient mélangés.

 

Qu’à cela ne tienne, pour aujourd’hui l’étape n’ira pas plus loin.

 

  • Henri, merci beaucoup pour ton aide, tu seras sûrement rappelé bientôt.
  • A votre service les chevaliers de la IH.

 

Romain Bergamelli, rencontré à Belpech à qui avait été soumis le problème, avait dit qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Tu fais tremper au transyl et tu tapotes avec un jet en aluminium les pignons bloqués.

 

Avec Alain, l’intervention est soigneusement menée. Par la petite trappe latérale, un gros démonte-pneu est placé et fait levier. 

 

Tout est abondamment badigeonné au dégrippant miraculeux. Avec le jet en aluminium, les pignons sont tapés latéralement avec légère insistance mais sans brutalité. Au bout d’un moment la rotation s’opère et le premier pignon coulisse sur son arbre. Même travail pour le second et même succès. Le grand Farmall sort de sa paralysie. Poussées en avant, en arrière, les roues chaussées en 12,4*36 d’un côté et en 16,6*36 de l’autre côté bougent ! Il est enfin libéré de son étreinte qui commençait à sérieusement lui peser. Ce sera tout pour aujourd’hui. La bonne nouvelle est annoncée à André et pour faire bonne mesure il lui est indiqué que la boîte est équipée d’un réducteur comme celle des 270.

 

Dernière phase décisive, jeudi 9 mars.

 

Henri est invité à revenir sur le théâtre pour replacer le bloc du relevage et en vue d’amener le F à Saint-Girons. Case devant IH, voilà qui ne manque pas de piment. Le bloc est vite remonté, place maintenant à la barre de remorquage. En avant marche, le F dans un immense soupir de soulagement sort de sa prison. Les broussailles craquent sous les pneus des tracteurs rouges, comme si elles en voulaient à leur proie de s’évader, les crampons laissent des empreintes très nettes dans la terre molle.

 

Tout se passe bien, aucun bruit anormal, aucun frottement intempestif. A l’arrivée sur le chemin goudronné, petit arrêt photo, dernière vérification, gyro allumé, André en serre-file, la descente est amorcée.

 

Le public est au courant. Les incessantes allers et venues ces derniers temps ont éveillé les soupçons. Le Farmall de Gajan cloîtré pendant des décennies se prépare à prendre son envol ! A petite vitesse le convoi entame sa pérégrination. A la chapelle, il y a du monde, une inhumation vient d’avoir lieu. La nouvelle va circuler.

 

Le comportement du 267 est correct mais il faut aller à petite vitesse, il y a du jeu dans le pivot droit. Quant à la boîte et au pont, aucun bruit anormal, ç’en est étonnant.

 

Autant passer par la côte de Saint-Lizier et de Miguet, il y a beaucoup moins de circulation. La traversée de Saint-Girons est remarquée. Tiens, semblent dirent les clients du café Faur, il y a du nouveau à la William Deering.

 

Dernière tronçon en abordant la longue côte du chemin de Saudech. Le Case n’est pas à la peine, derrière, le remorqué ne peut même pas tenter de le freiner puisque les freins à disque ont été démontés.

 

Arrivés à la base secrète de la IH, les baroudeurs vont faire demi-tour au Gelach et dans une savante marche-arrière, le F est garé sur le petit parking à côté de l’Energic. Il n’en revient pas, ce brave tracteur, de se retrouver dans un environnement si inédit au milieu du B450, du H, du Super FC-C et du Vigneron. Son rêve est devenu réalité.

 

Le Case, mission brillamment accomplie, rejoint le Pesqué à Taurignan-Vieux, naguère bastion de la IH. Henri est chaudement remercié.

 

  • Tu vois Henri, tu as contribué à la sauvegarde du patrimoine des tracteurs d’antan, dis-toi bien que les deux marques qui se sont distinguées aujourd’hui dans le Couserans sont dans la légende et contribuent à forger le mythe et la gigantesque histoire du Farmall.
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