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16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 14:35

 

                               Portait ciselé du Renault R 7013

 

 

 Tracteur harmonieux que le 7013 équipé du robuste moteur Perkins type p 4. Le premier coup d’œil donne un aspect trapu, massif. D’apparence un peu courte le bonhomme pèse plus de deux tonnes. Là, tout est d’origine ou quasi. Seule la planche de la faucheuse est un ersatz médiocre. Pièce difficile à trouver.

Le-Perkins-devant-l-annexe.JPG 

Le voici, dans sa première robe.

Que manque-t-il ?

-la bielle de la faucheuse.

-le dosseret du siège qui est nu alors que d’origine il est en paille de bois recouvert de skye noir.

-les masses avant (elles sont au garage et tellement lourdes qu’elles ne servent qu’avec la charrue).

Les phares sont présents (le clignotant n’est pas d’origine), la manille de remorquage avant y est aussi, le pare choc avant porte masse est d’origine. L‘ancien numéro d’immatriculation a été peint sur le devant. L’emplacement réel est à l’arrière du dosseret du siège. On remarquera l’extraordinaire qualité du pot d’échappement typique. Les plaques huile lourde sur le fronton et Régie Nationale Renault sont là. Les bouchons de radiateur et de réservoir sont bien de la maison. Celui du radiateur se retrouvera sur des véhicules utilitaires, celui du réservoir caractéristique sera aussi de la gamme des Super. On aperçoit même en dessous le gros fil de cuivre (on ne sait à quoi il sert exactement) qui a été soigneusement nettoyé et verni. Le célèbre filtre Técalémit et son champignon trônent sur le capot, à peine effleurés par les outrages du temps.

Et la calandre ? Ah, celle là, si elle pouvait parler, elle semblerait dire : j’attrape de belles suées, je suis résolu mais point fatigué. Derrière la grille se cache le rideau de radiateur en vinyle monté sur un tube en tôle fine avec ressort spiralé. Il y est, reconstruit comme à l’époque.

La roue arrière a un très joli galbe, parfaitement harmonieux avec l’aile, pas très large certes mais si solide. Les pontets de la jante sont bien visibles. Pneus ; 13.6x28 dans cette version.

La faucheuse est une Kuhn, bien entendu. Elle n’était pas d’un maniement facile, puisqu’à relevage manuel. Faucheuse et poulie ne pouvaient pas être montées en même temps. Les jantes avant seront reconduites sur le D 22.

Côte conduite : vous avez remarqué ; le volant est bien celui de 7013, bien que légèrement abîmé par l’âge, il est convenable. La boule noire du levier de vitesses à été mastiquée. Combien d’utilisateurs indélicats l’ont laissée dépérir? Celle de la commande de prise de force, un peu en dessous est intacte. La poignée du frein à main trône en haut à droite. Dire que les vitesses étaient à gauche, pas très courant non plus.

Côté mécanique, qu’observer ?

Le châssis berceau moteur ; un monument typique et extrêmement beau. Cette structure aura permis à la Régie d’avoir monté sur ses différents modèles du moteur 85, Perkins, Hispano-Herculès, Frégate, voire C.L.M. (Compagnie Lilloise des Moteurs) Le carter moteur est en aluminium, déjà à l’époque. Ah les British de Peterborough ! Admirons le gros démarreur et son câble imposant d’alimentation électrique soigneusement gainé, le très joli tuyau en cuivre qui relie la pipe d’admission à la pompette du “kigass” du tableau de bord pour les démarrages à froid, la commande du papillon d’admission d’air (technique très courante à l’époque) relié à la membrane de la pompe à injection, la fixation du réservoir, le cache de l’arbre de la poulie. Mais pour la dynamo, n’-y-a-t-il pas quelque anomalie ?

Si, la patte de la tension de la courroie a été modifiée. Ce travers a été corrigé et a permis de monter la joue droite (si souvent démontées elles aussi et égarées à jamais).

Alors peut-on évoquer quelques signes distinctifs des différents modèles ? Vu de face et de loin, comment reconnaître le Diesel. Il a le pot d’échappement vers la droite avec le tube coudé. Vu de côté le 85, dit latéral est facile à distinguer ; plus bas que le Diesel il y a de l’espace entre la culasse et le capot, l’allumage se voit. Côté gauche le Perkins se différencie facilement de loin ; la grosse pipe d’échappement en forme de demi-lune. Sur l’Hispano, non et la dynamo est trés grosse et en position haute. Les 3040/3041 avaient un caisson de batterie avec un couvercle plus petit. Les premiers avaient l’embrayage à droite. Inédit !

Oh entre le 7012 et le 7013, théoriquement le 7013 n’avait pas le relevage mais il pouvait se monter moyennant le commander chez le concessionnaire. La prise de force (semble-t-il) n’était pas encore normalisée sur les 7013, il fallait donc un manchon d’adaptation.

Hé bien, Renault (s) Diesel, lorsque vous avez débarqué dans les cours de ferme, votre belle livrée orange vif faisait se pâmer d’admiration le monde rural…

 

                                                                                 L'extraordinaire pompe à injection Lavalette-Bosch et son cliquetis ineffable.L-extraordinaire-pompe-a-injection-Lavalette-Bosch-jpg

                                                                                Perkins-cote-droit--joue-et-Tecalemit-.jpg                                              Perkins, côte droit, joue et Técalémit.                               

  Essieu-avant-et-manille-d-origine.-copie-1.jpgLe-celebre-attelage-universel.---.jpg

   

Essieu avant et manille d'origine.                                         

 

                                          

  

                                                                                       Le fameux et rare de nos jours attelage universel.

        

 

 La-belle-poulie-en-rotation.-copie-1.jpg

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La belle poulie en rotation.                                      Un-signe-distinctif-imparable-jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                         Un signe distinctif imparable!

Dans-toute-sa-splendeur.jpg

  Tableau de bord compSplendide-vue-des-poulies-de-la-faucheuse.jpglet.                                      Quelques-stries-blanches-sur-la-calandre--jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                      

Quelques stries blanches sur la calandre.                                Boîtier d'entraînement de la faucheuse.

 

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28 juillet 2012 6 28 /07 /juillet /2012 22:00

 

                Une journée de battage à Peillou

 

 

Plus belle fête que la moisson il n’y avait pas. Même si elle représentait une grosse corvée avec le dépiquage, c’était la récolte du blé qui s’annonçait. Aliment nourricier de base, le blé à toujours été au travers des âges un symbole.

L’arrivée de la batteuse était attendue avec impatience et lorsque le bruit du magnifique Hanomag qui tirait l’énorme machine était repéré à l’approche de la ferme, l’excitation était à son comble.

Comme de coutume dans toutes les contrées, tout le voisinage prêtait main forte : Patrac, les Gaillardous, le Cap de la Serre, Manaud, Coustances, La Bourdette. Le père Barthet de Betchat, grandiose dans ses manœuvres, mettait en place ses grandes mécaniques. La batteuse était logée dans la cour derrière les bâtiments des étables. Soigneusement calée, le gros tracteur était ensuite mis en ligne puis c’était au tour de la grande courroie d’être placée, légèrement tendue. Le gros Diesel était calé avec le fameux cric batteuse. Les premiers essais pouvaient avoir lieu. Derrière la batteuse, en général, le propriétaire du matériel mettait la presse à paille (Rousseau, Braud, Rivierre-Casalis, Carroy-Giraudon, Vendeuvre) mais à Peillou Père mettait l’énorme botteleuse Claas. Cette rare machine avait une poulie latérale prévue pour l’entraînement à poste fixe. Comme elle était aussi équipé d’un long monte bottes c’était autant de gagné pour la confection du paillé. Tout cet ensemble était impressionnant.Le convoi comprenait aussi une roulante, une caisse sur roues, renfermant courroies, agrafes, huile, graisse, crics, cales. Inutile de dire que si les gamins étaient moyennement appréciés dans les parages de cette grosse, poussiéreuse et bruyante industrie, leur curiosité était tellement avivée qu’ils étaient toujours là. Elle était montée sur roues fer, donc antérieure à 1954. Vers    la mécanique démarrait. Comment se composait l’éblouissante équipe ?

-le maître de forge ; tout à la fois chauffeur, mécanicien, graisseur, surveillant.

-l’homme du batteur

-les pourvoyeurs, en général deux

-les forts des halles aux sacs : 3 à quatre selon l’éloignement du grenier

-les passeurs de bottes

-les spécialistes du paillé, 3 à 4.

-l’évacuateur des balles.

Le-battage-a-Peillou-copie-7.jpg 

Malgré la chaleur torride, les hommes ne renaclent pas.

 

Pour la presse à fil de fer, il fallait 1 ou 2 hommes pour passer les aiguilles et le fil de fer pour le liage.

Attention au départ, lançait le tractoriste ! La poulie était embrayée avec doigté. Le Diesel de Hannovre, déjà chaud, prenait ses tours ; batteuse et botteleuse prenaient leur régime avec force vacarme. Dès que les premières gerbes soigneusement étalées sur la table, étaient goulument avalées par le batteur, la machine se stabilisait à son régime nominal, le puissant moteur régulait, les combustions s’équilibraient, la poussière s’élevait aussitôt, le grain commençait à couler. Le scénario avait beau être toujours le même, il n’était que de voir la tension se refléter sur les visages des fins et passionnés manœuvriers. C’est que l’on ne plaisantait pas avec dame Cérès, le blé c’est le blé.

Tout fonctionnait pour le mieux. Pére Barthet surveillait d’un regard de lynx toute cette grande machinerie. Il fallait avoir l’œil sur l’admirable R45 (attention à la surchauffe et à la pression d’huile), à la tension des courroies, au nouage des bottes, au bon réglage de la ventilation. Gare si le propriétaire trouvait du grain dans la balle ou s’il était mal nettoyé !

De temps en temps en sortie de la poulie motrice il appuyait un gros bâton de poix pour renforcer l’adhérence de la courroie principale. Alors elle se mettait à crépiter. Quelle beauté cette gigantesque courroie, remarquable dans sa flèche sur le brin mené et sur le “clap” si caractéristique au passage de la barrette de jonction aux poulies.

Tout un chacun avait un rôle délicat. L’enfourneur au batteur, était la plupart du temps en plein soleil. S’il faisait passer top de récolte à la fois le batteur grognait, la courroie pouvait même sauter. C’était alors un petit temps de pause mais il fallait vite remettre en route.

Aux sacs, pas question de perdre un grain. Deux sacs pour le grain propre et un pour les impuretés (les ôtons). Les grainetiers surveillaient la propreté du grain et l’absence de brisures. C’était la coutume d’en mâchouiller un peu pour apprécier sa qualité boulangère. En général un sac bien rempli c’était 80 kg, que le costaud se mettait sur le dos avec l’aide de son collègue et le montait dans un grenier qui comme par hasard n’avait pas une échelle des plus irréprochables. A Peillou les sacs étaient entreposés sur une remorque puis montés au grenier avec câble et tracteur.

Le-Diesel-au-levage-des-sacs-copie-2.JPG

Le diesel au levage des sacs.

 

Qu-il-est-beau-.JPG 

 Toujours le Diesel, facile à reconnaître. Il est neuf.

 

Le-3042-essence.JPG

                    Le 3042 à la délicate manoeuvre des sacs.

Au paillé quand la récolte abondait, ca ne rigolait pas non plus. Le confectionneur était un spécialiste. D’ailleurs dans les tournées, chacun conservait en principe sa place. Les bottes ne se rangeaient pas dans n’importe quel ordre et il fallait au final finir en forme de toiture pour l’écoulement de la pluie. Dans une grosse journée de travail, 300  sacs pouvaient sortir des goulottes. C’était avec les plus grosses batteuses, les

journaliers étaient souvent payés au sac. Dans les petites fermes “d’élevage” la batteuse pouvait être déplacée 2 fois par jour : deux fermes le matin, 25/30sacs et l’après midi 80 à 100 sacs.

A 7 heures, après un solide casse croûte, c’est le début du battage. C’était alors au tour du pâté, du jambon, du saucisson et du petit canon d’être bousculés!

A midi, grandes ripailles. Dans un tintamarre déclinant la machine s’arrêtait. Les hommes plus poussiéreux que des mineurs sa passaient un peu d’eau sur la figure et s’avançaient vers la grande table, à l’ombre des arbres. Déjà, de bon matin les cuisinières s’étaient aussi de leur côté mises au travail. Le traditionnel bouillon était apprécié des estomacs des vaillants travailleurs. Viandes, légumes, dessert et café se succédaient. Dans ces instants de délassement mérité, la bonne humeur était de mise et les plaisanteries fusaient de partout.

Puis il fallait repartir pour une longue après-midi. La chaleur en ces étés ensoleillés était souvent accablante mais quoi ? La terre aurait pu devenir cendre ou poussière, rien n’avait d’importance que l’appétit glouton du batteur, le splendide bruit du Diesel de Hannovre, le chahut des engrenages, le sifflement des courroies, l’air pulsé dans les tables de secouage, l’écoulement de l’or dans les sacs de jute et le halètement du piston de la Claas. Les dépiqueurs, fiers et dignes, étaient convaincus de leur noble tâche. Le maître de maison n’oubliait jamais d’abreuver généreusement les coéquipiers et le célèbre poron circulait de main en main. Quel réconfort et quel auguste geste de boire à la régalade !

Il n’était pas rare, dans les grandes fermes, que la batteuse reste plusieurs jours si la récolte était abondante. Alors le soir, à l’extinction des feux, la grande courroie était enlevée, les alentours de la machine étaient nettoyés et le beau tracteur faisait l’objet d’un soin jaloux. Il fallait, surtout à chaud, dépoussiérer la grille du radiateur.

Si la machine repartait alors c’était le démontage : enlèvement des courroies, des cales, nettoyage, attelage.

Le paillé fini avec maestria était souvent clôturé par un petit bouquet.

Le diner se terminait tard et dans quelle ambiance ! Une bonne journée venait de se finir, le lendemain c’était au tour de la ferme voisine d’être dépiquée.

L’exceptionnel équipage prenait le chemin du retour….

O blé, céréale chérie, tu as souvent fait folier les hommes, mais de grâce, tiens bon, ils t’ont tellement besoin !

 

                                  

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8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 20:54

 

                                  Vierzon, répondez, Vierzon, répondez !

 

Parti, Jean-Yves Brochard, était parti. Le premier mai exactement pour entamer un inédit tour de France, en suivant au plus près les frontières, avec son Vierzon 302 de 1953 et sa remorque Renoult de 1956. Quel périple en perspective, plus de 5500 km au programme avec la traversée des villes qui se trouvent sur le circuit et une seule dérogation : Monaco qui n’accepte pas les tracteurs agricoles. Quel dommage !

Jeudi 24 mai il convenait tout de même de se renseigner et de savoir où se trouvait notre nouveau héros national. Réponse en soirée :

-je suis à Elne où je fais escale. Demain vendredi en principe Elne Bourg-Madame et samedi je suis en Ariège où je dois passer à Saint-Girons dans le courant de l’après midi.

- il faut absolument qu’un détachement vous rencontre. Rappelons-nous demain vers 13 heures au moment de votre arrêt buffet.

Le 26 à 12h 50, coup de fil (historique)

-JYB, je suis environ à 70 km  de Saint-Girons (donc dans les environs de Tarascon), je viens par Massat et le col de Port ! Quelle étape !

-parfait, comme je travaille et vous passerez certainement vers la fin de l’après midi, je vais vous faire contacter par Salucie qui viendra à votre rencontre et le soir j’essaierai de vous trouver.

L’après midi, dans sa quincaillerie, à 30 m de la D117, Marko tendait l’oreille avec acuité, à la recherche du bruit si caractéristique du gros monocylindre. Il avait même dit à ses collaborateurs ; si vous entendez un bruit de tracteur particulier, alertez-moi. En vain.

Vers 18h Marie-Claude avait bien appelé ; le Vierzon à disparu ! Nous sommes allés jusqu'à Biert et aucune trace de l’inégalable attelage. Plusieurs fois nous avons demandé :

-vous n’avez pas vu le Vierzon ?

- de quel spoutnik parlez-vous, nous a-t-on même répondu !

Mince, alors, voilà que maintenant notre adorable territoire absorbe des engins agricoles. Serions-nous dans un nouveau triangle des Bermudes ?

En sortant vers 19h30, à tout hasard, se dit-il, faisons un tour de ville par le boulevard extérieur, qui sait ?

Rien en vue et dépité, il rentre à la maison. Pas encore sorti de la Goelette, voilà-t-il pas que la 106 rouge de Marie-Claude arrive dare-dare et à travers la lucarne Marko s’entend dire :

-il est arrivé. Il à téléphoné à Roland depuis la carrière Malet il y a à  peine 1 heure. Roland est allé l’escorter. Il fait escale à la maison. Monte vite et demande à André et à Marcel de venir.

-bravo, quelle nouvelle !

Tracteur et remorque trônent bien dans la cour, ils sont visibles depuis le départ du rond point. Inouï, une traversée de l’Ariège et escale à Montjoie ! Le moral remonte au zénith.

Bonjour JYB, bienvenue à bord à vous et à votre magnifique vaisseau, félicitations et quelle joie de vous rencontrer !

-alors aujourd’hui quel a été votre trajet ?

-départ ce matin de Bourg-Madame, Andorre, descente sur Ax les Thermes, Tarascon, le col de Port, le col de Caugnous, Massat, Saint-Girons ; 142 km.

-bravo, c’est une très longue étape avec beaucoup de dénivelé.

-oui en descente je m’arrêtais tous les 5 km environ pour faire réchauffer le moteur sinon la boule risquait de trop refroidir, la combustion ne se fait plus, le moteur s’engorge. C’est là une grande particularité des monocylindres 2 temps. J’aurais pu mettre une résistance de chauffage autour de la boule mais je n’aurais pas été dans la configuration d’origine.

-en effet c’est mieux comme ça et vous en êtes d’autant plus méritant.

Et les discussions d’aller bon train, chacun demandant avec une curiosité émerveillée des tas de renseignements.

-consommation de carburant et d’huile,

-la maréchaussée vous a-t-elle arrêtée ?

-incidents mécaniques,

-et le bruit ?

-le moteur a-t-il chauffé ?

-et cette remorque, quelle beauté, de marque Renoult, bien restaurée et repeinte aux couleurs de la SFV.

Ah, Jean-Yves, vous êtes un héros. Quel mérite en plus de répondre pendant plus d’un mois aux mêmes questions mais que voulez vous engagez un tel périple est tellement extraordinaire ! Et le soir à la fin de chaque étape, vous devez appeler le secrétaire de l’amicale Vierzon et répondre aux multiples appels de la journée, quelle endurance !

Tard dans la nuit, autour de la table garnie de mets succulents les conversations s’achèvent. Quelle opiniâtreté pour notre conducteur chevronné !

Le dimanche avant 8 heures, la cour est déjà agitée. Il arrive du monde du voisinage pour assister au départ historique de l’étape. Jean-Yves, frais et dispos, répond avec une gentillesse inouïe aux multiples interrogations des spectateurs et fait visiter son navire. Les photos impérissables, bien sûr, sont prises.

Peu avant 10 heures, c’est le lancement du 302. Les cales de la remorque sont enlevées, contact, ouverture de l’essence, vibreur, balancement du volant moteur et hop le moteur démarre. Jean-Yves effectue cette manœuvre avec une allégresse hors-pair. L’assistance, émue, applaudit.

Quelques instants plus tard, c’est le passage sur le cycle gas-oil. C’est tout juste si la sonorité du moteur change.

C’est le moment des adieux, puis le beau convoi vert et jaune, après un tour de cour majestueux descend vers la voie communale. Les mains s’agitent, bonne continuation Jean-Yves, bravo et merci pour ces moments intenses….Létape de ce dimanche ne sera pas longue: Saint-Girons Villeneuve de Rivière, 45 km.

Ah, au fait, quels sont les deux signes distinctifs pour ne pas confondre un 302 d’un 402 et 551 ? Rappelons que ce modèle emblématique a été fabriqué de 1950 à 1958 et qu’au plus fort de ses ventes il sortait à 200 exemplaires par mois.

Enfin, les Société Française étaient fabriqués à Vierzon, à Lunéville, à Roanne, au Creusot (le 302) et à ……..

  ..  ……. ? (Ceux qui ont des Vierzon, chut).

 

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JYB-a-Salucie.JPG Bel attelage au pays du plus beau climat du monde !!!

 

 

 

 

Le-depart-du-Vierzon-27-05-2012-copie-1.JPG

 

Ils n'en reviennent pas....

 

 

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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 21:40

 

Les Henschel ne répondent plus!!

 

 

 

 

Partir, toujours. Arriver à bon port, moins sur. Les routes étaient ce qu'elles étaient, les mécaniques fonctionnaient bien, il arrivait que les hommes soient fatigués. Puis une embardée avec un gros paquebot ne se rattrape pas comme avec une trottinette de tourisme.

Samuel conduisait le tracteur modifié, le HS 19 605 BG 09. Il est promu au rang de Chevallier de la firme Henschel quand le F 191 813 CR 09 arrive à Saint-Girons. Sa vie professionnelle est changée: puissant, rapide il peut sillonner les routes de France avec fierté. Mais parfois les chargements sont hauts. Dans un virage vers Fanjeaux, alors qu'il rejoignait la lointaine manufacture des rubans industriels à Gundershoffen, l'attelage se couche. Plus de peur que de mal; ridelles à redresser, bâche à changer, chargement à renvoyer à l'usine et à refaire. Samuel, tout tremblant, furieux contre lui même, s'en souviendra longtemps.

Quand le 1924 arrive pour Samuel, Georges prend le 813. A la sortie de Muret sur la N 125, en voulant dépasser le Berliet citerne de Sernin de Saint-Girons, il vient le percuter sur le coin arrière gauche. Dans un grand bruit de ferraille martyrisée, les deux attelages stoppent net. la cabine de ce qui était le beau tracteur est hors d'usage: froissée, brisée, pliée, contorsionnée. Georges s'en sort indemne. La cabine sera changée par celle de la dernière génération; la calandre est différente; la grille est à maille fine, c'est un signe distinctif. Rapatrié à Saint-Girons le 813 repartira quelques jours après, il à encore une longue carrière devant lui: c'est un ténor.

Frontière capricieuse...

Le 1924, s'il manque un peu de coffre dans les côtes, est un tracteur qui file bien. Il est conduit par Francis qui tracte la remorque Trailor 2 essieux 475 DS 09. L'ensemble à belle allure. Chargé de papier à cigarettes Job de l'usine de la Moulasse, il refuse de dépasser le Col Del Bouich et se couche en contrebas d'un virage difficile. Toujours cette frontière entre Comté de Foix et Gascogne! Toujours est-il que le fragile papier pourtant bien emballé dans de belles caisses pour l'exportation était à refaire entièrement. L'attelage après quelques interventions adroites des tôliers pouvait reprendre sa pérégrination.

Barrage inédit…

Le 1924 toujours aux mains de Francis filait sur la RN 751. Chargé de 21 tonnes de papier hygiénique en bobines de 65 cm sur 4 hauteurs, 68 piles exactement, il voguait vers les papèteries du Theil dans l'Orne. La nouvelle république du 21 mars 1975 en donne quelques détails:

A la suite d'un accident, la circulation sera déviée cet après- midi sur la RN 751 à partir d'Amboise et de Montlouis. L'accident s'est produit au cours de la soirée de mercredi à la limite des communes de Montlouis et de Lussault. Au moment ou d'autres camions le dépassaient, un camion des transports Meric à Saint-Girons(Ariège) empiéta sur l'accotement et dévala sur la levée avant de se coucher à 5 ou 6m en contrebas, du côté opposé à la Loire. Plus de peur que de mal pour le chauffeur, Mr Francis Hainaut: celui-ci à subi quelques examens médicaux qui se sont avérés négatifs. Mais il faudra aujourd'hui tirer le camion de sa fâcheuse posture et surtout transborder son chargement de 21 tonnes de papier hygiénique etc.

Que dire si le papier était tombé dans la Loire? Quel spectacle à la vue d'une myriade de  272 bobines flottantes et désemparées!!!

Disparition du 117…

Sixième F 191 de la maison  Méric, ce tracteur, comme ses frères, marchait à merveille. Après avoir connu plusieurs chauffeurs successifs, le dernier fut Martin. Sa remorque, 362 CM 09, était une Trailor 2 essieux à angles ronds. Son dernier voyage, fatal, était destiné à la compagnie des emballages Schisler à Thouars. Pas moins de 24 tonnes de kraft blanchi 22g/m² pour des impressions d'emballages alimentaires. A la sortie du péage de Niort, nul ne saura jamais pourquoi, l'attelage se renverse, le chargement s'écroule en partie sur la cabine. Martin y laisse la vie. Le glorieux Henschel à trépassé. Leur carrière est finie.

  Alerte; je rentre dans la cuisine…

Roger est au volant du 450 AL 09. Il le connaît très bien, ce bel engin et se dirige vers Foix. Sa cargaison: un lot de papier à cigarettes pour Sète. Roger, c'est l'homme des wagons. De temps en temps il faisait des petites navettes “régionales”. La D 117, à l'époque N117 (Bayonne Perpignan) était fortement tourmentée surtout entre Saint-Girons et Saint-Paul de Fenouillet.

A Cadarcet, dans un virage très prononcé, la direction ne répond plus. Roger freine désespérément mais le gros chassis vient percuter la maison en bordure de route. D'un peu il rentrait dans la cuisine.

 Les habitants, des connaissances, ne lui en voudront point. René et Aimé, les dépanneurs de l'impossible, arrivent à la rescousse. Dans la soirée, le scintillant Henschel reprend la route des alizés.

  Le Berliet s'envole !

Comme disait Paul, son chauffeur émérite; mon Scania  de Vénissieux. Ancien de la maison, il l'avait étrenné ce beau GLR 250 263 CT 09. Au début il avait la remorque puis comme il y avait souvent des chargements de 10 t et moins dans les usines de la région, le porteur seul suffisait. Paul ayant fini sa carrière, c'est Gérard qui prenait le relais. La République des Pyrénées attendait ses énormes bobines de papier journal pour l'impression du quotidien. En vain; Gérard descendait prudemment la grande côte de Montréjeau mais voilà qu'un autre bahut emporté dans son élan, le percute violemment par l'arrière et bonjour la voltige.

Gérard disait; j'ai bien cru que le Berliet avait des ailes, quelle frousse! L'émotion passée, tout rentrera dans l'ordre et le Berliet continuera longtemps ses excursions.

Adieu tracteur, remorque, cargaison.

Il est très tôt ce mercredi du printemps 1970. Le puissant et rutilant Henschel F 551 438 CC 09 gronde sur les quais de Sète. A son volant, le remarquable Michel, dit Mickey. Il se dirige vers les établissements Nicollet pour livrer une cargaison de papier cigarette. Il roule doucement, mais malheur il s'est assoupi. L'Henschel, c'est un peu comme les Percherons, il connaît son chemin et va presque tout seul. Hélas dans l'obscurité, il n'aperçoit pas la grosse borne d'amarrage en bordure du quai. Il vient y trébucher tête baissée. Miracle, au choc assourdissant qui réveille tout le quartier; Mickey est éjecté après avoir déboité le pare-brise et se retrouve sur le quai, étonné, ému, mais indemne. Le lourd convoi chute inexorablement dans le canal et est englouti par les eaux salées dans un bouillonnement qui semblait devoir durer une éternité.

Les ouvriers de la maison Chevallier qui se rendaient à leur travail donnent aussitôt l'alerte. Le téléphone crépite à Saint-Girons: Mme Méric?

-vous avez un attelage qui à sombré à Sète. Pas le chauffeur, il est sain et sauf.

-j'alerte tour de suite mes hommes....

René, Aimé, Roger se rendaient sur place et avec l'aide des transports Charlon sortaient le prestigieux véhicule de son  bain immergé. Le papier, direction le recyclage. L'Henschel et sa semi? Egouttés, essuyés, séchés, graissés, huilés et repartis sur la vague. Mickey, réconforté, devait quelques temps plus tard prendre en main le fabuleux F 191 182 DD 09 et sa belle remorque Trailor à tablier droit, le paquebot des mers de rêve, l'étoile filante du sud.

Cyrrhus, viens vite, Ferrero s'est retourné!

 

Lundi 11 avril 1974. Il est très tôt. Cyrrhus est réveillé dans son sommeil léger par le crissement des pneus sur le gravier. C'est une Citron se dit-il. Puis il entend Jeannot le héler depuis la cour: Cyrrhus, viens vite, Ferrero s'est retourné à Mane.

-oh pétard, il y a du dégât?

-que oui, le tracteur et le remorque ont fait un tonneau complet: cabine abîmée, semi vrillée, tout le chargement au fond du ravin!

-et Jeannot?

-pas une égratignure. Il ramenait sa compagne à Saint-Gaudens. Ils ont été tous les deux éjectés dans la pré. Je l'ai remercié; il avait pris le chemin des écoliers, tu te rends compte, il devait aller à Perpignan! Tu viens avec le quatre roues et Mayet va arriver avec le Mercédès ( le 1924 rouge). Quand nous aurons rechargé vous irez déposer la marchandise à la douane à Perpignan. Bompunt (le grutier) va arriver.

Quel spectacle! Ce qui était un bel ensemble git au milieu d'un pré très en pente en contrebas d'un virage au bord de la départementale qui relie Mane à Saint-Gaudens. Le F 191, rouge, 376 CW 09, et sa remorque Trailor 764 DQ

09 ont triste mine. La remorque est comme balayée: chargement, ridelles, bâche, poteaux ont valsé. Le bel Henschel geint, la cabine à pris  une grosse claque, comme malmenée par une main géante.

Les travailleurs sont sur place, il faut remonter les ballots de filtre à cigarettes (ballottés et crevés) vers la grue qui les charge sur les camions de secours, récupérer les futs de produits chimiques pour Kodak. En fin de matinée, Louis et Cyrrhus se dirigent vers Perpignan. Une équipe rapatrie à Saint-Girons l'éclopé. Quelques semaines plus tard, sorti requinqué des ateliers chevronnés de la maison Méric, le splendide paquebot, repeint à neuf, reprend la route comme si de rien n'était.

Seul, le chauffeur, avait changé.

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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 22:25
1926, à quai s'il vous plaît!

 

               1926, à quai s’il vous plaît !

 

 

On se souvient que le tracteur Mercédès 1926 première génération est arrivé sur le marché à la fin 1973. Le premier à Saint-Girons fut celui de Samuel Sempé, 602 EK 09. Il était plus puissant et confortable que le 1924 et surtout avait la cabine basculante. Les cabines étaient bleu foncé. Celles de la deuxième génération étaient bleu vert. Ces admirables tracteurs (2 fois 6 vitesses synchronisées) étaient équipés de moteurs V8. Après la disparition de la prestigieuse marque Henschel, beaucoup d'écuries se sont tournées vers Mercédès. Désormais, cette grande firme, peu représentée en France montait en puissance.

L'attelage d'Etienne est au chargement à quai à Pourlande pour plusieurs clients de la région Parisienne et du Nord.

Très tôt le lundi matin le rugissement du puissant V8 allait entraîner le lourd convoi sur les routes de France et dès le mardi, commencer à livrer les clients de papiers fins et soyeux de la vénérable fabrique... Etienne pilotait de main de maître le puissant mastodonte qui lui obéissait au doigt et à l'œil! Pensez, pas question de jouer au petit malin avec un maître aussi expérimenté! De son nom de famille Coredo, père l'appelait “Tornado”tellement il “pistonnait” en route.

Le jeune chef des expéditions, lui, savait à tout moment où se trouvait le rutilant équipage, passionné de géographie et d'une incomparable passion pour le monde du transport de la route !!!!

 

Le-1926-a-quai-a-Pourlande.jpg

 

 

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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 20:48

Départ pour Vizille et Villeurbanne en Henschel HS 19.

 

 


Chaque année Cyrrhus allait en vacances à Vougy, à coté de Roanne. Courant août 1968 il demande à son père: tu pourrais me trouver un camion qui va vers Lyon ou Roanne?
-pas de problème, je te donne une réponse ce soir.
Le soir venu, la nouvelle tombe; départ dimanche à 6 heures avec Antoine Garcia, dit Pepito, direction Vizille puis Villeurbanne. De là tu prendras le train pour Roanne, ca te va?
-parfait, c'est impeccable.
Ce dimanche matin était un jour historique avec un vétéran de la route, qui plus est en Henschel 4 roues, moteur dehors! Quelle merveille!
Cet Henschel (450 AL 09) gris bleu, en parfait état datait peut-être de plus de 15 ans mais était de toute beauté. Et quelle cabine, comme neuve, astiquée comme un bijou, des tapis épais, une grande banquette qui servait aussi de couchette, un tableau de bord de navire aux grands cadrans, des filets élégants au dessus du pare brise pour mettre des menus bagages et volant et levier de vitesse, ah eux, des monuments. Les grandes pédales? Comme on n'en verra plus! Avec Pépito le courant est vite passé. L'homme fort expérimenté est jovial et ne s'en laisse pas conter. Monde de la route, attention, les sudistes déboulent.. Il venait des transports Lemasson puis s'étant brouillé avait opté pour la grande écurie Méric de forte notoriété.
Ce matin là, il fait très beau. A 6 heures, le démarreur à peine chatouillé, le splendide 6 cylindres démarre. Le lourd convoi sort majestueusement du garge fort en pente. Passage très délicat car si la maneuvre est loupée, la rivière à 10m en contrebas à déjà recu dans son lit un malheureux équipage.
La grande bâche bleue en toile rêche est repliée à l'arrière en triangle au dessus de l'épaisse ridelle.
Alors pour ce trajet que portons nous?
D'abord une machine chargée à Lédar pour les papèteries de Vizille et des sacs de graniteau pour une usine de Villeurbanne.
-Il y a du poids, on dirait, non?
-je te crois, sans doute un peu de surcharge!
En fait tout le long du trajet, nombreux ont été les gémissements du chassis et du gréement. Le moteur, pensez, lui, d'attaque!
-la direction, comment elle est Pepito? Oh pas dure, sauf dans les maneuvres, elle est très démultipliée. Les vitesses non plus, tu vois, mais c'est un outil qui n'est pas rapide; tu verras pas plus de 70 km/h. Puis c'est un peu bruyant.

 

Ah pour ca, oui, il fallait presque crier pour s'entendre.
-Ca te plait, les camions, ca se voit.
-oh, que oui, mais pour le moment je suis plutôt dans les tracteurs agricoles.
A midi, 180 kms parcourus, repas à Coursan. Vous connaissez? Sur la N113 , le premier patelin après Narbonne. De ce temps là, il n'y avait pas beaucoup d'autoroutes en France: celle du nord (Paris Lille) Lyon Marseille Nice, Avignon Montpellier et c'était à peu près tout. Côté Ouest, Angoulême et Poitiers étaient déviées, Bordeaux et Toulouse, point du tout. Les nationales 7, 10,113,117,86,89 des légendes...
L'après midi s'étire tranquillement. L'Henschel tient le cap. Son puissant moteur donne tout son coeur. Un petit arrêt s'impose à la célèbre Vitarelle. Cyrrhus est fier de descendre de la belle cabine avec le brave Pépito. Les regards admiratifs convergent vers le beau et exceptionnel camion: on n'en voit plus sur les routes comme celui là à part les trois de chez Méric: le tracteur 605 BG 09(ancien 4 roues transformé par les intrépides mécaniciens), l'autre 4 roues 587 L 09 et sa remorque 588 L 09. Les cabines avancées sont déjà légion sur les routes (Berliet GLR,
Unic, Saviem JM à moteurs Henschel eux aussi!)

Le soir souper aux Blaches à Montélimar. Les hommes de la route ont bon appétit. Les envieux demandent à Pépito:
-d'où sors tu ton antiquité, tu as pris un navigateur avec toi?
-oh, tu en voudrais une antiquité comme celle là, un million de kms dans le coco, tu peux pas en dire autant avec ton clou!
Quelle ambiance!
A Valence, direction Grenoble: Roman, Saint-Marcellin, Tullins, Fures. Après quelques petites haltes pour dormir un peu, le lourd véhicule poursuit sa lente progression. C'est l'été, il y a du monde, dans les côtes la file des voitures suiveuses s'allonge.
-vous avez vu, Pepito, il y a du tourisme derrière, c'est pas tous les jours qu'ils verront un Henschel rouler comme nous.
-bé, tu peux le dire, c'est encore plus spectaculaire que le salaire de la peur!
Peu à peu le jour se lève.
-Pepito, dès que vous pouvez, arrêtez vous; il faut que je vidange..
Grenoble est en vue. Par où faut-il passer? Pépito se fie à son instinct mais sur un grand boulevard, Cyrrhus lui dit:
-Pépito, je crois que nous nous sommes gourrés, nous allons en direction de Chambéry alors qu'il nous faut aller vers l'Alpe d'Huez. Les stations de ski, ce sera pour une autre fois.
-Ah m..... tu as raison: Vizille c'est un peu avant la fameuse côte de Laffrey. Allez au prochain feu demi-tour sur place. Il aurait fallu voir les regards éberlués des automobilistes en voyant cet énorme et antique vaisseau nimbé de bleu tourner au carrefour. D'un peu on aurait presque entendu des applaudissements. Même la maréchaussée en poste à cet endroit ouvrait la route. Quelle gloire!

Enfin, la belle Vizille est atteinte: la papèterie n'est pas difficile à trouver. L'accueil est chaleureux: la lourde machine est vite déchargée, puis départ vers Villeurbanne pour livrer le graniteau. En début d'après midi Cyrrhus doit quitter avec un brin d'émotion le magnifique clipper et son ami Pépito.
-b..... tu vas me manquer.
-vous aussi mais nous nous reverrons à Saint-Girons. Et le camion, ne le prêtez à personne.
-additiats!
Allez, maintenant la gare de Perrache, en taxi, pourquoi pas? Quel confort et quel silence dans la 404 en comparaison du tonitruant moteur Lanova. Le train Genève Bordeaux (moteur De Dietrich) dépose le jeune voyageur à Roanne à la nuit tombante où son oncle Jean vient le chercher.
Quel accueil dans la famille; alors tu es venu en camion?
-m'en parlez pas, avec un bahut comme il n'y en aura plus et un chauffeur comme les marins au long cours.
Il était loin de se douter, l'intrépide Cyrrhus, dans son sommeil étoilé, que guidé sans doute par l'étoile de la firme Henschel, il rentrerait quelques années plus tard dans la galaxie de Kassel, oui celle de l'étoile à cinq branches fièrement arborée sur les calandres.
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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 21:35

Des tracteurs et des wagons.

 


Si les voies ferrées Saint-Girons Boussens et Saint-Girons Foix ont été créées en 1865, c'est surtout après guerre que la fabuleuse épopée des tracteurs à wagons à été pendant des décennies un spectacle inoubliable pour les Saint-Gironnais. En effet, nombreux étaient les points de livraison ou de chargement des barges de la SNCF.
Où allaient donc ces énormes convois?
-les Ets Pince Monnereau boulevard Frédéric Arnaud, grossistes en denrées agricoles (pomme de terre, engrais)
-les Ets Montané avenue d'Aulot, qui recevaient du chanvre du nord pour l'usine Job de la Moulasse à Eycheil.
-le dépôt SPAR à Sentaraille et puis les usines, bien sûr:
-la papèterie Matussière et Forest à Lédar; réception de bois résineux pour la fabrication de la pâte à papier.
-les papèteries JOB
-les papèteries Bergès à Pourlande à Saint-Lizier.
Qu'avaient donc mis au point les transports Meric pour acheminer ces marchandises?
Les remorques à wagons à bandage caoutchouc tirées par les mythiques AEC que Mr Meric père avait achetés aux surplus de l'armée.
AEC, Associated Equipment Company, avait fabriqué ces exceptionnels tracteurs routiers quatre roues motrices à Southall en Angleterre à 9600 exemplaires de 1939 à 1945. Déjà Dieselisés à l'époque, 6 cylindres, 7.58l de cylindrée, 95 chevaux (à peine mais quelle force de traction!), 6.34m de longueur. Ils s'étaient illustrés dans l'armée de Montgoméry, Monty pour les intimes, pour haler les péniches de débarquement.
Voici un exemplaire en photo, en version benne. C'est le Matador (quelle firme agricole à repris ce terme pour une de ses machines?). La légende est en marche.
 

Avec leur cabine tôlée, brûlante l'été, et leur conduite à droite, les intrépides conducteurs qu'étaient Roger, René, Aimé, Mickey, Pierre les menaient avec une dextérité hors pair. Il y en avait deux dans le parc (178 M 09 !) et il fallait toujours un assistant pour aider à la manœuvre.
Alors assistons à un embarquement à la gare. L'ensemble approche de la voie: quelques mètres avant, la remorque est décrochée, le timon est enlevé, le tracteur la tire avec un câble pendant que l'assistant qui à remis le timon à l'autre bout peut la guider pour l'approche finale. La grosse manille entre le quai et la remorque est bien tendue pour verrouiller le tout. Le mastodonte peut être embarqué, avec douceur, tiré au câble. Bien sûr au préalable, deux cales ont été posées et vissées à l'avant de la remorque qui comporte deux rails. A ce stade, le spectacle est déjà impressionnant, on dirait un gros bestiau qui monte dans une bétaillère.
Les spectateurs, il y en avait toujours place de la gare, n'ont d'yeux que pour cette éblouissante manœuvre.
Roger, l'inégalable et adroit chauffeur (il est toujours sourire), à déjà tourné l'AEC vers le départ. Le crochet et le flexible des freins sont verrouillés. José monte en voltige alors que le convoi à déjà entamé sa procession. Là, c'est l'apothéose, le moteur Anglais donne toute l'envergure de ses vaillants 95 percherons. Les pneus, soumis à une traction herculéenne embrassent le sol, un gigantesque panache de fumée noire fouette les feuilles des platanes de l'avenue, le trafic s'arrête, Roger donne un puissant coup de corne de brume, tous les visages convergent vers l'énorme wagon qui va aller faire vider ses entrailles dans la prochaine manufacture.

Bien. Prenons d'abord le cas de l'usine de Lédar. Il faut remonter l'avenue du Maréchal Foch, toujours encombrée, et prendre garde de n'accrocher aucune automobile. Précisons que tout le monde se serre sur les côtés et tout se passe bien. A pleine charge le convoi ne dépasse guère les 30 kms/h. A l'arrivée de l'usine le virage est assez serré et le crissement des roues à bandages pleins sur l'aire bétonnée est beau et impressionnant. Au parc à bois il y a très souvent une deuxième remorque avec un wagon vide qui attend. La Poclain TY 45 ne chôme pas. Le changement d'attelage est vite fait. Au retour si la vitesse est légèrement supérieure, les cliquetis, claquements, brinquebalements divers laissent vite voir que le cargo de la compagnie d'état est vide. Les jours de forte chaleur, Roger entrouvre les demis-vitres du pare brise. C’est que, dame, le gros Diesel de la firme anglaise libère ses calories comme il peut.
A Saint-Girons chez Monnereau ou Montané, l'ensemble est laissé au bord du boulevard le temps du déchargement. Quelle époque, quel pittoresque! Le tracteur, lui, continue sa ronde incessante. Pour aller à la Moulasse, il faut prendre la rue Villefranche: le périphérique, l'ancienne voie ferrée St-Girons Foix arrêtée en 1954, n'existe pas encore. Imagine-ton un tel vaisseau spatial dans les artères de Saint-Girons?
Pour aller à Sentaraille, le trajet est plus long, dans les 4 kms. A Lorp, dans la légère descente avant l'Eglise, le bruit du gros Diesel un instant soulagé, s'estompe puis dans la côte de la Peyrade la combustion reprend toute sa force et le panache de fumée noire à l'échappement en témoigne. Pour sûr, un peu d'huile devait être mangée par les gros cylindres. C'est que cette mécanique inédite n'était plus toute jeune. La maréchaussée, souvent en poste à la sortie du village, n'aurait certainement pas oser arrêter le rail-route. Où se serait garé un tel engin? Tout devait sans doute être en règle!

L-inusable-Matador.JPG
                 L'inusable Matador en version benne....
Ah, puis il y avait l'usine de Pourlande. Le passage à l'entrée de la voie communale jute après le pont de Saint-Lizier ne pouvait être franchi que par des experts. Un beau jour de juillet 1973 un wagon s'est pourtant évadé! Après l'avoir déchargé de la remorque, il fallait l'amener un peu au début de la descente en lui donnant un léger élan en le tirant au cable. Une cale sabot l'empêchait d'aller trop loin. Puis le tracteur, après que la cale eut été enlevée, le retenait tout doucement jusqu'au quai où il était chargé par le côté. Que s’est-il passé cette fois là? L'énorme vehicule avait sans doute trop d'élan, a fait voltiger la cale et est allé violemment percuter le quai quelques 40m plus loin! Affolement dans les bureaux juste au dessus: raz de marée ou écroulement d'un bâtiment se demandait-on? Le quai, lui, portait les marques d'un choc inouï alors que le matériel ferroviaire, rien. Les gros tampons avaient bien amorti le coup.
Une fois chargé, bien fermé et le bordereau officiel logé dans son petit emplacement grillagé, un coup de fil à la maison Méric et Roger s'aboulait avec le Matador. Les chargements des papiers fins et soyeux s'acheminaient vers Marseille, Cannes, La Bassée, Thouars, Brive, Dijon, Paris, Annemasse, Lyon, Quièvrechain ou Chateaulin.
Puis vint l'époque de la retraite des splendides AEC en 1983. Avec émoi, ils disparurent dans les hauts-fourneaux de quelque fonderie. Ce fut au tour des Henschel de leur succéder: le HS 140 S (605 BG 09) avec son énorme moteur avançé (moteur dehors comme disaient les anciens) et le F551 cabine basse (438 CC 09). Après une longue carrière sur les routes de France et de Navarre, un prestigieux travail les attendait. Tous deux lestés avec une grosse dalle de béton pour leur donner de l'adhérence, ils étaient inaltérables à la besogne.

La grande remorque Nicolas à roues gonflées et commande directionnelle par câble fit son apparition. On croyait avoir tout vu? Pas du tout! Tracteur, remorque plus wagon= 100t en marche! Il faut dire que les wagons à boggies de 50 t de charge utile pouvaient être chargés. L'Henschel là aussi était très occupé. Pour l’inauguration de cette gigantesque péniche, l'usine de Pourlande fut la première servie. Les machines à papier se sont presque arrêtées tellement cette apparition soudaine était stupéfiante. Jeannot, René, aimé, René avaient de quoi être fiers. La sous-préfecture demande alors que le convoi soit précédé d’une voiture d’escorte. Ce sera la Diane 700 EC 09.
 Le trafic marchandise ferme en 1991. La remorque Nicolas sera vendue chez Matussière à Domaine. L'épopée du rail route aura connu sa splendeur.
Là haut, dans les bureaux de la SNCF, il leur était impossible d'avoir le décompte exact des wagons dans le parc; il y en avait de partout: dans les usines, sur les remorques, en ville, à la campagne, une véritable fourmilière!

 

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 22:19

 

 

C'est maintenant la quatrième année que les jardins de Babylone sont labourés à Miguet dans le cadre somptueux de la belle cité Lizéroise. En face, les majestueuses Pyrénées sont à portée de main. Leurs cimes enneigées leur donnent une beauté émouvante.

La première année c'était au tour du Pony moteur Hanomag de lancer le débat. La terre qui n'avait pas été travaillée depuis longtemps était dure. La deuxième année, essai avec la Ransomes à disques, modèle Condor, et le Fordson. Pas très au point. L'année dernière, mise en oeuvre du TEA 20 et de sa charrue. Des réglages à parfaire. Cette année lancement du F 137 D et de ses charrues alternatives d'origine. Le terre est meuble, l'attelage est harmonieux, le résultat est assez probant.

 

IMG007.jpg Pas mal, non? La rasette à fait une découpe magistrale!

 

IMG008.jpg

 

 

 

 

Jolie roue! Le soc rentre bien. Les queues de versoir n'ont pas été montées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IMG010.jpgCe petit bycylindre est une merveille et ses charrues parfaitement adaptées  lui donnent une excellente adhérence. La terre à Miguet n'est pas encore du tchernozium mais l'amélioration est encourageante.

 

 

 

 

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 22:46

 

                                   Bazillac, une journée d’arrêt….

 

Par une heureuse coïncidence un petit dépliant était tombé entre les mains de Marko, dans un commerce de Saint-Girons. Il annonçait une manifestation rurale (attelages, labour, semis…) pour le dimanche 1er avril à Bazillac.

Donc ce dimanche, direction Bazillac à 8 heures. André, Damien, Marcel étaient du convoi. Bazillac, vous voyez ? A côté de Chis, d’Escondeaux : Rabastens de Bigorre, dans les hautes Pyrénées. En l’occurrence, ici, il n’y a rien de haut, tout est grande plaine, le royaume de la culture. Après un beau soleil au départ qui s’est perdu ensuite dans les brumes épaisses de Lannemezan  Bazillac est en vue à 10h 10.

Une bonne partie du village dort encore et André de dire :

-tu es sûr que c’est ici et aujourd’hui ?

-oui, absolument : allons donc du côté de la prévauté et de l’église. Sur que c’est par là. Effectivement c’est bien là : le vide grenier sur la pelouse et dans le petit champ, tracteurs, chevaux, mulets, ânes et vaches sont déjà à l’œuvre. Plusieurs matériels d’antan sont garés sur le pourtour ainsi que les camions et vans. Ca respire tout de suite la bonne ambiance, comme on se sent bien ! Et l’homme qui officie au micro ; très calme, très compétent, il fera toute la journée un parcours sans faute qui montre à quel point il aime et connaît les animaux, les attelages et le matériel ancien. Il mettra en exergue de nombreux jeunes passionnés d’attelage qui prennent la relève avec passion et talent.

Ainsi ont lieu plusieurs démonstrations :

-le mulet qui tire un tronc d’arbre ; séance de débardage. Il est splendide.

-l’âne remorque une petite herse avec grâce.

-les magnifiques vaches Mirandaises, on dirait deux jumelles, sillonnent sans cesse le champ avec les herses. L’après midi elles feront une démonstration de fanage avec la faneuse Mc-Cormick (à l’époque cette prestigieuse marque se faisait un malin plaisir d’estampiller son logo IHC sut toutes les pièces en fonte) puis avec un râteau Puzenat. Ce bel attelage est mené avec doigté par l’élégant petit pierre. Chose rare, il mettra devant les vaches une jument, c’est un attelage en arbalète. Le tout est harmonieux et marche avec une remarquable facilité.

-les jeunes bœufs Casta de deux ans ne manquent pas de vigueur : pleins de fougue, ils sont très à l’écoute et travaillent sans écarts. Ils deviendront sans doute très gros. Il est dit de cette race que ses animaux comprennent très vite ce qu’ils doivent faire.

-la jeune jument Bretonne est en apprentissage. Menée par deux jeunes demoiselles, elle semble très prometteuse.

-bien entendu les deux époustouflants Percherons de Jean ne pouvaient passer inaperçus. Attelés en paire, ils étaient éblouissants. Polisson à droite, un hongre d’une tonne, Coquette à gauche, plus petite, étaient admirables. Leur maître en faisait pratiquement ce qu’il voulait. En discutant avec lui, tout d’un coup, il demande : vous voulez les mener,

-Damien, vas-y, l’occasion est unique. Damien s’en sort très bien. C’est remarquable de voir comme ils sont à l’écoute et  qu’en bout de raie ils attendent les consignes et au moindre flottement le cap est perdu. Dès que le maître redonne de la voix tout rentre dans l’ordre. C’est stupéfiant et émouvant. Il faut avoir la main légère.

Une petite démonstration de labour à lieu ; le brabant voltige derrière les deux traits lourds. Vient ensuite la séance de remorquage du camion. Les traits se tendent, les arrières trains fléchissent, les jarrets s’arc-boutent et hop le poids lourd est remorqué tout le tour du champ. Le public en est baba !

Vers midi trente un succulent repas attend les convives. Les discussions vont bon train. Voilà qu’un ancien maréchal ferrant évoque ses souvenirs, sa carrière. En fait d’ancien il n’a que le nom car sa science est éblouissante et sa passion des chevaux intacte.

Après le café, l’animateur donne le top et les démonstrations reprennent. Le labour avec les tracteurs ne pouvait qu’être assuré. Le Porsche Junior fonctionne à merveille avec ses charrues mono soc alternatives. Le petit Deutz F1l tire le brabant. La raie est droite, le sillon régulier en profondeur, la terre bien versée. Il faut préciser qu’ici, si la terre est légèrement caillouteuse, elle est très friable. La préparation du sol est très importante car la moisson vient plus du labour que du champ ! Contre le mur du cimetière un petit Fordson Dexta est garé. Il à l’âge de ses artères mais il évoque lui aussi toute une page d’histoire.

Deuxième démonstration de remorquage du camion mais petit incident, dans le travers du champ, la manille casse, Jean trébuche et tombe, se rétablit après un remarquable roulé boulé, coquette et Polisson apeurés fuient mais sont très vite arrêtés par des personnes qui sont devant. L’attelage est remis en place et le convoi repart. Tout est rentré dans l’ordre.

Ce sera au tour du Merens avec un semoir à blé. Il se cabre souvent, dévie de sa trajectoire. Son maître lui rend-il assez la main ? Il à besoin de beaucoup travailler mais devrait sans doute être performant. Il est élégant le bougre !

Les interventions du président du syndicat des chevaux de trait ne pouvaient passer inaperçues. Il suffisait d’écouter pour se rendre compte que l’histoire de la traction animale était une page glorieuse de la ruralité de France et que les races lourdes très menacées à une époque connaissent un certain regain d’intérêt.

Puis vint la séance de parage des pieds d’une Mirandaise faite au métier de Jean-Luc. La vache bien sanglée ne bougeait ni ne souffrait. Après tout, cette petite séance de manucure, c’était pour son bien ! Le public, très dense était ravi.

  Hé bien, bravo Bazillac, très belle et sympathique manifestation.

 

                        _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _  _ _ _ _ _ _  _ _ _ _ _ _

 

Bazillac-035.jpg     Trop beaux, les percherons...

 

 

 

Bazillac-026.jpg

Plutôt rare comme ensemble mais d'une grâce exquise

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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 21:21

 

 

Saint-Girons,  la ville des Poids Lourds au long cours.

Saint-Girons, jolie cité Couserannaise au plus beau climat du monde, était une ville industrieuse. Elle avait besoin de beaucoup d’engins de transports pour nourrir ses entreprises et ses commerces : carrières, scieries, sablières, mines, papeteries, usines à chaux. Le monde du Camion faisait bon ménage avec le rail dont la ligne Saint-Girons Boussens avait été créée en 1865.

Voici une liste assez exhaustive des entreprises de transports recensées dans la contrée après guerre. Toutes tailles y figurent, celles qui n’avaient qu’un véhicule comme les grosses qui en comptaient jusqu’à 10.

Gaillard Jean : vin, pâte à, papier, à Lacourt.

Piquemal : lait et marchandises, à Castet d’Aleu.

Auriac François, Voyageurs et marchandises à Massat.

Peglion, cars à Saint-girons.

Rogalle, marchandises à Castet d’Aleu.

Galy, primeurs à Biert.

Saurat et Sarda, primeurs à Saint-Girons.

Clarac, primeurs à Saint-Girons.

Gomez, primeur à Massat et Saint-Girons.

Castex, marchandises à Saint-Girons.

Rives (frères) marchandises à Saint-Girons.

Meric (frères et veuve) marchandises à Saint-Girons.

Rieu Jodeph, marchandises à Saint-Girons.

Loubet Henri, marchandises à Saint-Girons.

Lemasson, marchandises à Saint-Girons.

Delqué, sables et graviers à Saint-Lizier.

Gaston frères, bois à Saint-Lizier.

Hoyau, sable et graviers à Mercenac.

Bordes, sable et graviers à Prat-Bonrepaux.

Couret, cars à Francazal.

Sarradet, bois et marchandises à La Bastide du Salat.

Souquet, marchandises à Soulan.

Morère, lait,voyageurs et marchandises à Soulan.

Founeau, lait, voyageurs, marchandises à Alos.

Escassut, lait, voyageurs, marchandises à Alos.

Sutra, sable et graviers à Lacourt.

Amiel, voyageurs à Aulus.

Ité, voyageurs, marchandises à Saint-Lizier d’Ustou.

Denamiel, voyageurs à St-Lizier d’Ustou.

Faur-Perdigou, voyageurs et marchandises à Sérac d’Ustou.

Massat, lait, voyageurs, marchandises à Boussenac.

Piquemal, marchandises au Port.

Bonnet, marchandises à Eycheil.

Barthélémy, messagerie à Saint-Girons

Desbiau-Dougnac  //       à Saint-Girons.

Dedieu                     //                  //

Appel                        //                 //

Campourcy, marchandises à Clermont.

Ausburger           //             à Moulis.

Rieu, carrière à Moulis.

Soum, carrière à Saint-Girons.

Navarre, travaux publics à Castelnau Durban.

Pedoya,             //                            //

Eychenne, marchandises à La Bastide de Sérou.

Blazy,                   //                             //

Ané René, marchandises à  Sentein.

Tariol,                    //          à Castillon.

Saint-Louban, voyageurs et marchandises à Riverenert.

Rouja, bois et charbons à Saint-Girons.

Anère, bois et charbon à Saint-Girons.

Anouil, bois à Prat-Bonrepaux. 

 Rouaix, fourrages à Saint-Girons.

Bergère, charbon et fuel à Saint-Girons.

Dedieu,        //             //             //

Saint-Sernin, fuel à Saint-Girons.

Carrara, charbon et fuel à Saint-Girons.

Defa (Denis Farge), fuel à Saint-Girons.

Andreu, carrière à Seix.

Estaque, sable et gravier à Soueix.

Brau, bois à Soueix.

Saurat, marchandises, sable et gravier à Saint-Girons.

Innocent frères à Sentaraille.

Cazalé, bois à Ilartein et Sentaraille.

Entrôts Martres à Saint-Girons (flotte d'UNIC).

Campourcy à Clermont.

Mirouze à Saint-Girons (MAN).

Gabarre à Saint-Girons (Berliet).

Siadous à Saint-Lizier; bois.

Papéteries Bergès à Saint-Lizier: Unic et Berliet.

Quelles marques se côtoyaient dans cette extraordinaire fourmilière ? Les principales s’y retrouvaient bien sur : Saurer (avant guerre), Renault, Berliet, Citroën, Saviem, Unic, Latil. Couret de Francazal avait un car Saurer des années 50, à moteur avancé ou comme disaient les anciens « à moteur dehors ».

Auriac, transports de voyageurs, était célèbre pour avoir fait des convois hors normes pendant la guerre : il y avait des voyageurs partout : sur l’impériale, sur les ailes. L’intérieur était bondé. Le père Auriac criait de sa voix de stentor : avancez, avancez, il y a encore de la place dans le couloir !

Bonnet avait eu quelques camions ERF (Emile Robert Fodden).

La ville de Saint-Girons avait eu en service jusque dans les années 80 un camion à ordures ménagère Somua (société d’outillage mécanique et usine d’armement).  Chez Rives la maison était équipée de SAVIEM dont cette marque, rappelons-le, avait monté sur la série  JM des moteurs Henschel. Des Iveco étaient aussi dans le parc.

Henschel nous y voilà.

Mr Méric, père, avait été un des tous premiers en France à s’équiper des modèles de cette prestigieuse marque - Karl Henschel à Kassel – avec les H519 puis les F551, F191, F193 (V10 Mercedes). Ces magnifiques camions (6 cylindres. 3 soupapes par cylindre !) avaient eu un immense succès en France. De multiples écuries en avaient acheté :

-Escudé à Grenoble

- Mazet à Annonay

-la STAR à Chatellerault

-L. Batut à Capendu

-la PAT (Pyrénées aquitaine Transports) à Bordeaux (tracteurs à2 ponts)

A Saint-Girons les 3 frères Meric et leur mère (Transports Veuve Gabrielle Meric) en avaient eu : gris et gris bleu chez Francis, gris et gris vert chez Emile, gris chez Maman, rouge chez Jeannot : (458BW09, 47CQ04, 970CT09, 670DT09, 376CW09, 117CW09, 813CR09, 438CC09, 861CE09, 182DD09, 605BG04, 587L09, 450AL09). Dotés de boîtes ZF à relais électrique et de cabines plus anguleuses que les modèles français ils avaient une côte terrible. Francis fut un des premiers à rentrer du SCANIA : les cabines orange carrées (110 SUPER) se faisaient admirer lorsque les chauffeurs s’arrêtaient à la gare. Toute la confrérie du transport venait admirer ces outils (955DD09 – 412DB09). Leurs moteurs 6 cylindres turbo compressés, très performants n’étaient pas très courants à l’époque.

La France, curieusement, verra sillonner sur ses routes, deux SAURER neufs en 1978, les D330. La Firme Suisse avait consenti à vendre ces deux seuls modèles aux transports Francis Meric qui avaient été un de leurs clients dans les années 1920.

Les transports des papeteries étaient répartis : c’était presque une chasse gardée !

A la Moulasse (Job) Jeannot et Maman chargeaient pour Marseille, Sète, Rotterdam et les fabriques de cigarettes en France et Hollande. A Lédar les Unic de Lemasson étaient roi. Chez Martin, Emile Rives et chez Bergès Maman et Francis Meric. Plus tard les Grands Bleus et Grands Rouges de Lorp s’occuperaient de l’acheminement vers les pays d’Europe. Bien sûr il y avait tous les approvisionnements : pate à papier, vieux papier, bois, colle, adjuvants, quel trafic !

Comment disait-on ? Si vous l’avez, un camion vous l’a apporté !

Chez Jeannot, la firme aux tracteurs rouges rutilants, les 3 marques SAVIEM, Henschel et Berliet se côtoyaient, puis un peu plus tard le Magirus V10 arriverait. Le SM300 436DV09 était un bijou. Avec son puissant moteur MAN V8 de 300ch et sa boite étagée FULLER c’était un seigneur de la route. Piloté avec maestria par Jean-Claude dit COCO il semait facilement ses suiveurs.

N’oublions pas  les mythiques AEC (Agency Equipement Company, de l'Armée de Montgomery) (178M09), tracteurs à Wagon qui jusqu’en 1991 remorquaient les énormes charrois de la gare à Lédar ou Eycheil,Sentaraille (dépôt SPAR) ou St-Lizier…

Les grands bleus à Sentaraille étaient les pionners du Volvo. D’abord les F88 et F89 puis les FH. Henschel et Berliet faisaient aussi partie de la gamme (Bernard au début). Extraordinaire entreprise familiale toujours sur les rangs, Volvo majoritaire côtoie Iveco, Renault, DAF, Mercedes.

A l’usine de Matussière et Forest Lédar un GMC a été longtemps affecté aux transports des écorces au dépôt de Montgauch. Son conducteur : Mr Rouch de Chanteraine. Dans l’enceinte de l’Usine un Bernard équipé d’une grosse benne œuvrait dans le parc à bois. A Castelnau Durban Mr Pedoya avait récupéré un Mack - très rare dans nos contrées – 6x4 qui œuvrait exclusivement pour cette usine.

Henri Loubet avait acheté un Ford Transcontinental conduit par le célèbre La Fayette.

 

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Le-1924-a-quai.jpg

 

 Le 1924 au chargemnt pour La Bassée (59).474 DS 09, très bon tracteur qu'il était.

 Le-Scania-111-et-le-D330-Saurer.jpg

 

Scania 111 et D 330 Saurer. Seuls deux Saurer D 330 ont roulé en France dans les années 1978. Ils étaient basés à Saint-Girons!!!!

Le-gros-paquebot-allemand.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le gros paquebot allemand prêt à appareiller pour Heilbronn. Les chauffeurs se mettaient à quai d'une seule manoeuvre. Quels champions!!

 

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