La ruralité à Saint-Girons, chaque année début août, dans toute sa diversité et son immense splendeur.
Autrefois le Couserans, un 23éme défilé délirant .
Les festivités 2015 seraient-elles un bon cru? Le beau temps serait-il de la partie ? Nul ne savait, d'aucuns se hâtaient.
Déjà en novembre 2014 le thème était retenu : les animaux de la ferme. C'était en fait plus facile de se raccrocher à un point fort, tout le reste ne “faisait que suivre”. Il y avait eu Saint-Girons le pays aux 18 vallées, les enfants, les attelages bovins, les chevaux.
Aussi chacun dans son équipe s'affairait et outre la ferme de Suzon, bien des animations étaient prévues dans le défilé. Tout était calé : les 10000 plaquettes publicitaires étaient prêtes vers la mi juillet, le programme était aussitôt divulgué sur le site ALC. A la dernière assemblée générale de juillet tout était passé en revue. Le moral était au beau fixe. Cette année parmi les nouveautés, un élément tenait à cœur au conseil d'administration depuis longtemps, c'était le survol de Saint-Girons avec des avions d'époque et la traversée de la ville par un Newport de 1911 sur un char, pas moins !
Toute la semaine précédent ces trois jours grandioses, l'agitation était fébrile comme d'habitude. Depuis la base de Lorp, Paul et ses commandos n'arrêtaient pas de transporter chars, charrettes, tombereaux au foirail pour le jour J. Chacun, chacune, dans son secteur s'affairait comme dans une véritable fourmilière ; vieux métiers, groupes folkloriques, attelages bovins et équins, tombola, presse, bi-petit, exposition à la mairie, ferme et animaux, tracteurs, route du foin, quel tralala! Par quelle magie une telle organisation pouvait être mise en place et fonctionner avec une telle onctuosité?
Vendredi 31 juillet.
Concert du groupe des cuivres de Rocamadour à l'Eglise de Saint-Girons. Nanou a tapé dans le mille. Même si l'assistance n'est pas très nombreuse, il n'empêche que les instruments qui brillent de tous leurs ors produisent une musique de très grande qualité grâce aux musiciens talentueux et gracieux. La soirée est magique et émouvante.
Samedi 1er août.
Le temps est gris, presque maussade mais qu'importe, la forte pluie de la veille s'est arrêtée. Demain dimanche, il fera beau, comme toujours. La foule déjà, est dense, heureuse. C'est un grand jour de fête. Le Couserans revit.
Cette année les vieilles voitures font leur tour de ville l'après midi et non pas le soir comme en 2014. Ainsi le public pourra admirer les belles carrosseries avec quiétude, sous le champ de Mars. Il y en a 27! A 15 heures tous les inscrits sont là. Beaucoup sont en costume et de nombreux admirateurs demandent à monter dans les voitures; de ce fait elles seront presque toutes pleines.
A 16 heures le convoi entame sa folle randonnée. La Jeep de Roger dans sa configuration totalement d'origine ouvre le circuit. Rue Villefranche, c'est la cohue mais tout se passe bien. Rue du Pont Vieux, stupeur, la borne du milieu de la chaussée n'a pas été enlevée! L'embouteillage est énorme mais le public et les commerçants peuvent admirer les automobiles et les toucher du regard. La 4CV de Pierre chauffe un peu et ne fera pas le troisième tour. L'énorme Cadillac de Jean-Paul arrive à se faufiler malgré les passages étroits. Le circuit terminé, les belles reviennent se garer au Champ de Mars.
Au square Balagué, c'est maintenant la route du foin. Cette magnifique animation pour la deuxième année a été préparée et exécutée avec brio par l'équipe de Jacky d'Ustou. Le foin arrive en charrette, est déchargé, étalé, fané avec la faneuse tirée par la jument, mis en couronne et rechargé. C'est un bon millésime provenant du pré de Lorp qui a été soigneusement cultivé par les soins de Philippe et de Paul. Le dosage des succulentes graminées et légumineuses avait été particulièrement méticuleux. Le fourrage, ah, quelle corvée mais quel spectacle inoubliable.
Samedi soir.
Un repas reposant avait été pris sous le chapiteau du Champ de Mars. Une bonne partie des organisateurs D'ALC et le groupe des automobilistes d'Antan s'y retrouvait. Alors que Paul s'activait autour de ses inédits brûlots au Champ de mars et au square Balagué, le feu d'artifice était attendu par une foule très dense, autant que pour la fête de Saint-Girons. Elle n'aura pas été déçue. Un peu avant 23 heures la pyrotechnie savamment orchestrée par le technicien de Lorp aura ravi tout le monde. Décidément les évènements ont pris bonne tournure pour cette 23ème édition. Que disent les augures pour le lendemain?
Au bi petit, c'est la cohue. Les futs de cervoise sont en perce, le comptoir est bondé, la rue appartient “aux clients” . Fofo et son équipe de garçons s'affairent à tout va! La recette va-t-elle pouvoir contenir entièrement? Saint-Girons, l'espace de deux jours est la propriété de l'armada d'Autrefois le Couserans. Ces moments merveilleux font tout simplement penser qu'il y a à peine quelques décades, la jolie cité connaissait une telle affluence pour ses foires des 2ème et 4ème lundis du mois, que la foire ovine était une des plus importantes de France et que les foires aux chevaux de la Toussaint et du deux janvier avaient une renommée nationale.
Les groupes folkloriques ont eux aussi participé à la nocturne. Le festival du RITE a pris rang pour la première semaine d'août. Le monde amène le monde.
La nuit s'avance, pour beaucoup elles sera courte mais qu'importe, c'est jour de fête, la passion gomme la fatigue.
Dimanche 2 août.
Dans la plupart des chaumières les réveils ont tintinnabulé très tôt. Certains avec leurs vieilles mécaniques ne vont pas très vite et Paul avait bien dit ; rendez vous à 7 heures à Lorp et pour ceux qui viennent directement au boulevard Frédéric Arnaud, à 8 heures . A la ferme de Suzon, les équipiers préparaient le site bien avant le lever du jour.
A Lorp, un véritable ruche, qui n'était pas sans rappeler la noria des camions au temps de la splendeur des papiers fins et soyeux, bourdonnait. Hommes et tracteurs manœuvraient dans tous les sens. Trois engins refusent délibérément de démarrer et pour cause les robinets de gas oil ont été fermés. Surement par une main étrangère et coupable? Ce ne sont pas moins de 20 véhicules qui vont rejoindre la ville dans un cortège fabuleux escorté par la gendarmerie.
A Salucie un détachement lourd de 9 tracteurs conquiert la ville par la route de Foix. L'équipe le Labarthe-Inard, venue par la route le samedi, était postée au foirail. Jacky ,d'Ustou, emmène son écurie sur des remorques porte-voitures, l'escouade de Lasserre fait son déplacement par la route ainsi que la compagnie légère de Fernand et Guy venue du Cap Blanc. Alain et Armand viennent de Sentaraille et de Lorp. Georges de Caumont fait escale à Lorp pour accrocher son char. Quel tintamarre! Avant 9 heures le bataillon au complet est garé au boulevard depuis chez Monnereau jusqu'à Saint-Vallier. Impressionnant! Il n'y a pas moins de 63 tracteurs pour la plupart attelés de matériel d'époque. L'effort des participants en tenue règlementaire est remarquable.
Un peu avant le casse croûte traditionnel derrière chez tutti frutti, Paul proclame les mots de bienvenue et les dernières consignes. D'émotion il en perd presque la voix. La tension (de joie) est palpable, l'attention a du mal à se fixer, l'appétit des légionnaires est énorme.
Les boules chaudes pour ne pas risquer un démarrage difficultueux, tournent tranquillement. Le boulevard est noir de monde, l'heure du défilé sacré approche.
Au foirail, qui n' a pas vu les impressionnants préparatifs n'a rien vu. Le moindre espace est occupé. Chacun s'affaire avec méthode et application. Après les mécaniques c'est la grande esplanade où se trouvent les attelages et tous les groupes. C'est le royaume de Nanou, Philippe, Claude , Michel. Tout est préparé avec minutie. Chacun a son N° d'emplacement. Comment faire autrement pour coordonner un tel défilé de plus de 1 km de long? Il y a même l'avion arrivé d'Antichan sur une remorque vers 7 heures qui débarque! Le président veille au grain et en poste à la sortie, surveille aisément la formation du cortège.
Place des capots, les inédits moteurs de l'intrépide équipe de Jean-François de Longages sont postés depuis vendredi soir. Là, c'est encore très calme, le festival est prévu pour l'après midi. Place Vaillant Couturier, curieusement il n'y a rien?
Place Alphonse Seintein Marie-Lou et Ginette sont en poste pour renseigner les touristes et préparer le départ des ventes de billets de tombola. C'est le point accueil.
10 heures.
Saint-Girons en émoi.
Un coup de sifflet strident retentit. Ici ce n'est pas comme à l'océan où le silence fait suite au reflux de la vague. Le bruit tout le long du boulevard est pharamineux. Songez, 63 moteurs vrombissent sans compter les exclamations des chauffeurs et du public. L'armada avance tout doucement. Le premier cap du rond point se franchit lentement. Les spectateurs sont très nombreux. Après les invincibles mécaniques viendront se greffer tous les groupes et attelages dans un ordre savamment préparé par Nanou.
A 10h 30 déjà, les traceurs déboulent au monument aux morts. Gilbert B y va de ses commentaires place des capots. La masse avance au pas dans la rue Villefranche qui est bondée. En tête le magnifique Saurer de Francis, sans ennuis cette fois ci. Paul arrive avec son “pétarou” au monument et envoie le mot de bienvenue pour cette splendide 23ème édition. A cet instant, surprise, deux avions répliques de la guerre 14/18 survolent le Salat à basse altitude. Le public retient son souffle! Le staff de l'association travaillait depuis longtemps sur le sujet, voilà qui est fait.
Les tracteurs défilent dans un ordre remarquable, bien espacés, chacun avec sa plaque signalétique en ardoise, quasi tous les conducteurs et passagers en tenue conforme. Quelle merveille!
Les arrêts devant les stations des commentaires sont courts mais intenses. Pau-Paul s'occupe des groupes folkloriques et musicaux. Sa verve est intarissable et sa connaissance du défilé remarquable. Il a bien révisé. Le public apprécie, les rires fusent de partout. Pour les animaux son coéquipier reprend la main. Hélios darde de ses puissants rayons cette immense fête. La tradition se vérifie, il fait toujours beau le premier dimanche d'août.
Oh, c'est vrai le ciel est un peu nimbé de volutes bleues. La passage des énormes boules chaudes n'y est pas pour rien.
Ainsi pendant deux heures ce défilé d'une rare intensité va ravir petits et grands. Mais voici encore une surprise de taille: un avion de presque 8m de large arrive sur une remorque basse derrière un tracteur vert! Il passe juste au dessus des têtes. C'est une réplique d'un Niewport de 1911. le convoi est escorté par une équipe de l'aero club d'Antichan en tenue d'époque. La jeune pilote ne cesse de faire des signes de bienvenue. Quel succès. Cet extraordinaire attelage va repasser! En effet pas question d'enfiler la rue de la république; aussi square Balagué demi tour et direction place Vaillant Couturier où il sera garé tout l'après midi. Les promeneurs pourront même voir un simulateur de vol d'Airbus en grandeur nature garé là aussi. Pendant ce temps les tractoristes piaffaient d'impatience pour regagner leur stationnement rue Villefranche. Paul avait bien pris les cotes de l'imposant aéronef et s'était déplacé en ville auparavant pour cerner au mieux les passages délicats.
Maintenant arrive l'heure du repas et chaque groupe rejoint le lieu assigné par l'excellent organisateur Laurent. Pas moins de 11 restaurateurs vont servir dans les 1000 repas ce midi pour les participants du défilé.
L'après midi alors que les rues du centre ville grouillent de monde comme jamais, les animations continuent.
Place des Capots.
Les moteurs fixes (Duvant, Deville, Moes, Bernard....) font revivre les pages glorieuses de la motorisation des campagnes.
La ferme à Suzon au square Balagué.
Plus qu'ailleurs une agitation fébrile règne dans ce petit paradis. Les animaux sont parqués dans de petits enclos décorés de buis. Gallinacés, équidés, ovins, caprins, porcins, palmipèdes se côtoient pour le plus grand bonheur des admirateurs très nombreux.
Place Aristide Briand.
Le maréchal Ferrand, Eric de Bechat, y va de sa main experte pour ferrer à chaud les chevaux.
Au champ de Mars.
Sous les platanes, c'est le rêve. Les stands de sandwiches, croustades, gâteaux, fromages et boissons ne désemplissent pas. Quel endroit charmant que celui là?
Place de la Mairie.
L'équipe de Labarthe-Inard s'affaire autour de la grosse batteuse Merlin. Le maître Hubert veille de son ombre tutélaire au bon déroulement de l'exercice. L'absence de Jean-Marie se fait ressentir. Ah, la charrette de gerbes arrive tirée par des hommes. C'est inédit! Il y a donc eu panne de bovins? Enfin le grain finira par couler pour le plus grand bonheur des spectateurs.
Salle de la mairie.
Paquo, Marinette, Jeanette, Paulette se sont montrées expertes pour faire une exposition de toute beauté sur l'épicerie d'antan.
Place Verdun et Quai du gravier
Un véritable forum; vieux métiers, échoppes et animations sont au coude à coude. La main experte de Laure n'est pas étrangère à ce succès.
At bi petit;
Le régime est presque celui de la surchauffe! Les “clients” ont envahi la chaussée. Heureusement les intendants bien rodés ont prévu assez de volume. Il ne s'agirait pas que l'une des recettes D'ALC se trouve mal! Ce local est vraiment trop charmant.
L'après midi s'étire. Déjà quelques tractoristes soucieux de rapatrier leurs précieuses mécaniques ont commencé à rejoindre leur port d'attache. La rue Villefranche se vide. Un peu partout chacun plie ses bagages, qui au square Balagué les animaux, qui place de Verdun les manèges, qui au quai du gravier les étalages......Place des Capots le machiniste JF embarque les moteurs sur deux camions remorques grâce à l'élévateur de Christophe du Bousquet. Les mécaniciens vont attendre l'heure légale de 22 heures pour regagner leur base.
Voilà la 23ème édition achevée. Encore un cru réussi. Demain lundi, plus rien n'y paraîtra en apparence du moins, mais dans les esprits ,bien des magnifiques souvenirs y seront gravés.
Bravo Saint-Girons!