Labour au Fahr ou Fahr au labour?

                                                                                                                                                   Cervoline Fleurine ce vendredi 21 janvier 2011

               Labour au Fahr ou Fahr au labour ?

 

Longages, terre d’accueil des tractoristes. Chaque premier dimanche de septembre, un immense champ reçoit plus de 100 tracteurs, tous classés par marque, alignés au cordeau. Devant chaque modèle se trouve une fiche technique agrafée sur un piquet. En bordure, tout le long, se tiennent les moteurs à poste fixe, admirablement restaurés, boulonnés sur de gros tasseaux ou de solides palettes soigneusement vernis. Tous les outils fonctionnent à merveille.

L’après midi leurs propriétaires les font démarrer. Ici, pas d’épaves, pas de tracteurs avec des pneus de Simca 1000 !

Ce n’est pas fini. Batteuses et moissonneuses sont aussi de la partie. Le traditionnel battage ne saurait être absent. Une flopée de motoculteurs est également alignée avec soin. Vers 10 heures, c’est leur tour. Le concours de labour annuel. Energic, Staub, LMP, Fahr, Soberfon, Aebi, Agria s’y affrontent pour le plus grand plaisir du public et pour la plus grande suée des meneurs, le tout dans un rire merveilleux. 

Au fond du champ se trouvent les gros moteurs Duvant remis en état par les bons soins de l’équipe de Jean-Paul. L’après midi ils sont allumés et se trouvent noyés dans un attroupement inouï. Il faut voir ces énormes machines cracher leur épaisse fumée au démarrage à l’air comprimé. Ce sont des Diesel à part entière, monocylindres ou 9 cylindres pour le plus gros, culbutés, d’énormes cylindrées et au régime très lent. Fabriqués par la firme Duvant de Valenciennes, ils servaient à entraîner des génératrices, des transmissions ou même des moulins à l’époque ou les réseaux électriques n’étaient pas encore assez développés.

Ce dimanche matin là, l’équipe de Saint-Girons venait à peine d’arriver qu’un organisateur demande tout à trac : il nous manque un conducteur de motoculteur pour le concours, l’un d’entre vous se dévoue-t-il pour le Fahr ?

- ma foi, pourquoi pas, répondit Marko, le plus important n’est-il pas de participer?

-parfait, commencez à le prendre en main et à 10 heures tenez vous prêt devant la parcelle n°9.

Son propriétaire, André, exultait.

Très vite il apparaissait qu’il y avait un certain nombre de concurrents fort bien entraînés et habitués. Aïe, aïe…

 Malgré les nombreux coups de ceintures reçus, rien n'y fit!!

Ce Fahr, quelle beauté ! Plutôt rare, les curieux ne cessaient de se promener autour. Parfaitement repeint, son moteur 2 cylindres en flat- twin et son joli capot arrondi lui donnaient belle allure. Quant au guidon, proportionnel à la grosseur de l’outil il laissait penser qu’il n’allait pas être facile de manœuvrer un tel mastodonte.

Séquence allumage : André enroule la courroie plate autour du lanceur et d’une vigoureuse traction lance le moteur. La magnifique progéniture de Gottmadingen démarre au quart de tour. Les laboureurs sont prêts. Soudain, les commissaires, en face des parcelles à labourer s’agitent comme des sémaphores. Les motoculteurs rugissent et tel Ben-Hur dans son char mais dans un nuage de fumée, font voltiger les meneurs. Pour compliquer le spectacle bien évidemment, le labour se fait dans le sens travers du chaume. Ainsi il faut franchir des mini vagues et pout tenir le cap droit devant, c’est là que les capitaines au long cour distancient vite les matelots. Tout compte dans l’épreuve d’un concours :

La droiture du sillon, la qualité de la “cura de”, le versement de la terre, la profondeur de la raie, l’entrée et la sortie de raie.

Dès le départ le Fahr part de travers ; trop plantée, la charrue le fait patiner et dévier un peu. Tirer droit n’est pas facile, dé craboter un côté c’est la catastrophe, l’animal rue dans les brancards et tout part de travers. Le premier tour n’est pas joli, rectifier cette verrue relève de la haute mission. Très vite les équipages sont en nage. Les meilleurs plus que nager, surfent !!! Marko tire, pousse, s’arc boute, ahane, le bicylindre ne lâche pas prise mais piloté par un bleu est incapable de faire des prouesses. Le commissaire, indulgent, fait signe de tenir bon et de clôturer la bande. Encore une partie délicate. Le gros engin, comme s’il était à cheval sur deux rails trop étroits ne sait où donner du museau. Le sillon n’est pas légendaire celui-là et ressemble à une mer démontée. La terre est retournée mais sans dessus dessous !

Les autres ont fini que le Fahr trime! Vu le LMP fabriqué à Rom........

Fin de l’épreuve, les outils sont rangés en bout de raie. La densité du public à augmenté et nombreux sont ceux qui viennent questionner les gladiateurs. Qu’il est joli ce Fahr, entend-t -on de ci  de là ! Presque il à éclipsé la médiocrité de son travail, pour cette fois ci il sera pardonné encore que ce ne soit pas de sa faute. Il se dit aussi qu’il à été copié sur le modèle Bucher Suisse ?

Le propriétaire du champ, lui, de se lamenter et de dire à sa femme :

Dieu du ciel, ma pauvre Marie, tu as vu ce champ de bataille, pire qu’à Verdun. Nous ne pourrons rien y semer, même des rutabagas ne voudraient pas y pousser !!

A midi tapant, un succulent repas attendait les convives sous le petit bosquet de chêne, un banquet comme au temps des gaulois.

L’après midi concours de labour des tracteurs, battage, démarrage des moteurs Duvant et des moteurs à poste fixe. Quelle fête ! Les visiteurs peuvent s’approcher des tracteurs, les toucher, discuter avec leurs propriétaires et faire un tour sur ces adorables machines.

Le labour, quelle beauté ! Deutz, Fordson, MF, Someca, Renault, Champion, Lanz, Vierzon, sans se presser,

                                         Qui mène, la mécanique ou le jardinier?

avec élégance retournent  de beaux sillons malgré la dureté de la terre et les cailloux par endroits. Eric fait même une démonstration avec son chenillard FIAT  et l’énorme charrue à disques Mc-Cormick. Les commissaires ont fort à faire pour départager les concurrents sauf le conducteur du Fahr qui finira bon dernier. La remise des prix, à l’ombre, clôture cette exceptionnelle journée. A l’abreuvoir la boisson coule à flots, la poussière à desséché les gosiers.

Les membres de l’équipe labour passion commencent à charger les moteurs, des petits chapelets de tracteurs en convoi repartent par la route.

Ce Fahr, après tout, ce n’était pas si loin….

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                                                                                         Bel attelage et beau labour.