Cervoline fleurine, ce jeudi 9 décembre 2010.
Bessan, Hérault, Master en vue !!!
Il neige, ce jeudi matin à 5h 30 à Saint-Girons. La mission doit avoir lieu coûte que coûte. André semble inquiet. Au rendez vous du rond point de Montjoie le fringant vaisseau Renault Premium 300 chevaux mené par son élégant propriétaire enseigne de vaisseau, Christian, est là.
-Tu crois que nous y allons, demande André ?
-Mais oui, répond Christian nous sommes comme les marins, une fois le port franchi, la haute mer est à nous, plus rien ne nous arrête. Tu verras que la neige ne durera pas.
- bon, alors allons-y.
André, tu montes dans la cabine, nous suivons avec Marcel dans la Goélette. Décidément il y avait comme un parfum de Renault. Le camion, la voiture et un tracteur Renault à ramener. La grande saga de la Régie Nationale des Usines Renault n’était pas prés de s’éteindre. A 6h 15 le convoi prend la route. D’emblée le Premium donne le ton et prend une belle trajectoire. Vers Castelnau, plus un flocon. Les miles défilent sans difficultés. En une heure Mirepoix la belle est atteinte. Dire qu’à l’époque, il y a une quarantaine d’années, il fallait le même temps pour faire Saint-Girons Foix avec les valeureux Henschel de 250 chevaux et 38 tonnes ! Le tracé de la route avait bien évolué aussi…
A l’aire de Narbonne Vinassan, sur l’autoroute, petit arrêt café. Le temps est magnifique et doux. L’équipage est radieux.
Bessan, via Vias, alors qu’il eut fallu l’atteindre directement par la 2 ème sortie après le péage, est en vue à 10h 15. Qu’importe, le navire n’en est pas à une bordée près. Robert, le propriétaire du tracteur vient en éclaireur devant la salle des fêtes et le convoi finit d’arriver au lieu d’embarquement. Le Master est toujours là et attend sagement. Christian dépose la benne, des cales sont mises pour la montée du tracteur. Robert pousse le bel engin avec son petit Renault vigneron.
Embarquement
Marko dit : il reste un peu de place, vous pouvez laisser le votre ! Tout le monde de rire de bon cœur. Les cales sont bloquées à chaque roue, uns sangle est passée autour du capot susceptible de prendre l’envol, une autre à l’arrière du tracteur qui rejoint le châssis du camion, le frein à main est serré et une vitesse passée. Une photo immortalise l’exceptionnel instant. Les ailes et le volant dépassent un peu au dessus des côtés de la benne. Les automobilistes n’auront pas fini d’être intrigués à la vue de cette mécanique orange. Les souvenirs des Master, à part ceux des passionnés illuminés, ne se sont-ils pas mal estompés ?
Après un café pris chez Robert et l’échange des papiers il, faut songer à regagner l’ouest. Quel délicieux moment !
Dernières vérifications
Il est 11h 30 lorsque l’inédit convoi Renault prend le départ. C’est un moment d’émotion car ce tracteur était destiné à notre grand ami Rémi qui se faisait une joie d’aller le chercher et puis le destin devait en décider autrement……Le grand orange sera un petit hommage qui lui sera rendu.
Le retour sera comme à l’aller, aussi simple. Un bon repas est pris tranquillement à Vinassan. Quel moment de décontraction. L’appétit des tractoristes est solide. Au moment de remonter à bord, que voit-on dans le parking ? Une semi-remorque chargée de petits vignerons Mc-Cormick. Ils sont mignons et très beaux.
-Où les avez-vous chargés ?
-A Fabbrico, chez Landini.
-AH pardi ! Dire que l’usine Mc-Cormick Landini de Saint-Dizier a fermé cette année. A fin novembre les immatriculations de tracteurs ont baissé de 27%. Ceci explique cela.
Sur l’autoroute le défilé des poids lourds est majestueux. Les mastodontes les plus rapides dépassent dignement ceux qui vont moins vite. Il leur faut de la distance avec le petit différentiel de vitesse. Le Prémium n’est pas en reste et dès qu’il peut dépasse. La goëlette en arrière garde surveille les manœuvres superbes. Là-haut dans la caisse le MWM est des plus calmes. Il y a belle lurette qu’il n’avait pas pris le grand large.
Voici l’Ariège atteinte. Le temps s’assombrit. Pour sur, le vent va forcir. Foix est passée, un maxi-code des Pyrénées-Atlantiques est en tête de convoi. Qu’il conduit bien le bougre : tenue de cap et vitesse sont irréprochables. C’est de la conduite professionnelle et onctueuse. A Seignan, il s’efface et se gare avec élégance sur l’aire de repos.
Saint-Girons en vue : il y a fort longtemps qu’un Master agricole n’a pas pénétré dans ses murailles et pour commémorer cet événement il sera garé allée des Tilleuls. Comme baptême il n’y a pas mieux. Il est 17h, quelques flocons comment à tomber. Sans difficulté le type R est débarqué et sagement garé au bord du trottoir. Ainsi à l’instar de ses confrères de la Tracpaco il suit le même cheminement. Christian remonte la benne après avoir rangé cales et sangles. Les matelots rentrent 5 minutes faire le point de cette belle randonnée. Il fait déjà nuit, le beau Renault repart vers son port d'attache de Montjoie. L'aller retour s'élève à 504000 mèteres, une paille!
Le Master, qui était-il lui ? Le premier gros tracteur de 55 chevaux sorti des usines Renault Agriculture de Pont lieue au Mans de 1963 à 1969. La première série, du nom de 385, si elle connut de terribles affres de jeunesse, fut suivie du Master I équipé du moteur MWM refroidi à air de 2.672l de cylindrée pour 55 chevaux, pour un poids de 2.7t. Avec ce nouveau modèle la sérénité était revenue et les ventes se sont montées à 2442 exemplaires. Il à été suivi du Master II équipé du moteur Alfa Romeo de 3.017l de cylindrée pour 5026 exemplaires. Ce beau et assez inédit tracteur (hydraulique complexe) était entré dans la légende des tracteurs Renault.
Son nom même fera sillage dans l’histoire puisque bien plus tard Renault utilitaire le reprendra dans la lignée des Traffic qui auront succédé aux Goélettes et Galion.
Ce sont aussi les universités qui prendront ce nom pour les diplômes.
Inédit car à l’époque il était un tant soi peu à l’avant-garde avec son système hydraulique et sa puissance qui tenait la dragée haute à la concurrence.
Dans le Couserans une de ses présences les plus remarquées était chez Mr Roujas aux Bayles qui le menait avec affection et dextérité. Lorsqu’il montait la côte d’Antichan à plein régime, Marko cessait toute activité pour entendre ce bruit exceptionnel. S’il venait à Peillou, la terre aurait pu redevenir cendre ou poussière, rien n’avait d’importance du moment que le Master ronronnait.
Bien peu restent de nos jours, un en service à Lara mené avec sagesse par Maurice.
En voyant le tracteur garé dans l’allée, le voisin de Marko de s’écrier : cet engin, c’est un char d’assaut ?
-vous ne croyez pas si bien dire : il est de cette famille, oui, et plus exactement un descendant des tracteurs d’artillerie de la grande guerre…
Bravo, Master 1, ton périple aura été enviable : le Tarn, l’Hérault, l’Ariège et ramené dans un convoi exceptionnel tout de marque Renault. Immatriculé BE 352 KW (que cela sonne bien BE pour bon état ou bon élément, KW pour kilowatt !) tu seras bien à côté du Perkins et de L’Hispano Herculès. Ils peuvent être fiers, là haut, à la RNUR…
Provisoirement fatigué, mais complètement indemne.
Au fait au moins un seul détail permet de reconnaitre un Master 1 d'un Master 2 ?
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