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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 23:11

                            Retour de vacances en Henschel F 140,

 

 

Septembre 1967. Les trains sont bondés. Les enfants sont encore en vacances à Vougy. Comment les rapatrier alors que la rentrée scolaire approche ? Père a une idée.  Il demande à Francis Meric s'il n'y a pas un lignard qui passerait dans la région de Roanne.

Si, lui répond l'aimable transporteur. Il y'en a un qui descend d'Alizay pour porter de la pâte à Pont de Claix. Il passe par Roanne puisqu'il emprunte la nationale 7.

Tout le monde pourra rentrer dans la cabine ? C'est à 3 km de Roanne sur la départementale  Roanne Digoin, juste après la Loire. En se serrant un peu il faudra bien qu'ils y arrivent ! Le chauffeur, c'est Raymond, un gars très sérieux avec un très bel attelage. Il doit passer à Roanne mercredi et téléphonera avant d'arriver pour indiquer l'heure. Dites à vos enfants de l'attendre au bord de la route. Ils reconnaîtront facilement le fringant paquebot.

Le jour J, c'est Francis Meric qui appelle. Le navire approche, tenez vous prêt et bon voyage.

La 2CV 136 LG 42, conduite par la Grand-Mère emmène Cyrrhus et sa sœur au bord de la grand route à 500m de là, en début d'après-midi. Peu de temps après, reconnaissable entre tous l'Henschel et sa belle semi savoyarde deux essieux Trailor apparaît.

Regardez, Grand-Mère, s’écrie Cyrrhus, c'est lui ! Bon sang de bonsoir, c'est le 458 BW 09 ! Pas d'erreur possible. Un petit signe au chauffeur et le beau vaisseau se gare en face du restaurant routier, à côté des gravières de la Loire. Raymond descend, c'est un homme chaleureux, vêtu de la salopette traditionnelle de l’époque, les présentations sont faites, les bagages sont logés dans la couchette.

Au revoir, Mamie, et merci pour ces merveilleuses vacances. Nous vous téléphonerons quand nous serons arrivés.

La cabine est un peu exigüe (ce n'est pas encore l'espace du F191). Toi, sœurette, prend le siège passager et moi je vais me mettre en amazone sur le capot moteur. Quelle place plus rêvée que d’avoir sous soi un gros moteur !

Ca y est, c’est le départ. Raymond mène cette extraordinaire mécanique avec une aisance toute professionnelle. Il faut rejoindre Roanne et revenir sur nos pas. Où allons- nous tourner ?

Ne vous en faites pas, continuez jusqu’au village de Vougy et à l’embranchement devant le garage du père Janiot, vous pourrez facilement faire demi-tour. Sur le sable couleur tuile qui recouvre un peu le goudron, les pneus de la remorque crissent. C’est quand même impressionnant un semi qui vire court. Raymond est d’une gentillesse exquise et se montre très bavard. Mais qu’il faut parler fort pour se faire entendre au dessus des décibels du vaillant 6 cylindres de Kassel.

Après Roanne la facilité du trajet ne dure pas longtemps. La N 7 jusqu’à Lyon est bien connue pour son relief très tourmenté. De Saint-Symphorien de Lay, Tarare jusqu’à l’Arbresle, virages, côtes et descentes se succèdent à un train d’enfer. La vitesse n’est pas élevée. C’est que dame, nous sommes à l’époque des moins de 200 chevaux sous le capot. Dans les descentes frein au pied et  ralentisseur sur échappement alternent pour éviter l’emballement du gros pachyderme. Le frein sur échappement emplit la cabine d’une résonnance assourdissante à tel point qu’une fois coupé, c’est à se demander si le moteur est toujours là. Côté boîte, c’est plutôt spartiate ; 6 vitesses, un point c’est tout. Cyrrhus ne cesse d’observer par le rétroviseur les roues du côté droit qui suivent inlassablement leur mouvement. Elles ne sont pas encore dotées de garde boue. Le réservoir à carburant est encore rond. La remorque oscille, la bâche fasèye, le convoi ondule élégamment. Raymond surveille le tout avec un œil imparable.

Le chargement vient d’Alizay, dans l’Eure. C’est de la pâte à papier pour les papèteries de Pont de Claix, à côté de Grenoble.C’est de la marchandise très stable. De Grenoble, il faudra aller à Tarascon sur Rhône charger à nouveau de la pâte pour Saint-Girons. Ce soir, comme il est trop tard pour vider, l’escale est prévue après Lyon.

Les km s’égrènent, les vitesses se changent sans cesse. Fallait-il qu’il soit solide le matériel pour supporter de telles contraintes !

Le lendemain matin, après une nuit calme dans une petite auberge, le déchargement à Pont de Claix est vite effectué. Beaucoup en auraient voulu de ces transports de fibres ; propres, peu volumineuses, stables, vite chargées et encore plus vite déchargées dans les papèteries dynamiques. Après Grenoble la N 92 est plus facile. Fures, Tullins,Saint-Marcellin, Romans, Valence et reprise de la N7. L’Henschel, libéré de son fardeau ronronne allègrement. Son métier, c’est de remorquer du poids, il est taillé pour.

A Tarascon, l’usine joue dans le gigantisme. Avec sa sœur de Saint-Gaudens, elles étaient pendant longtemps les deux plus grosses usines de pâte à papier du marché commun. Ici le chargement à lieu par le haut, il faut donc débâcher. Le contremaître vient annoncer ; la cuisson n’est pas tout à fait finie, il faut attendre ! Ah bon, c’est comme le rôti, ni trop, ni trop peu. Enfin au bout de deux heures, c’est au tour des transports Francis Meric de prendre place dans l’immense hangar de stockage des ballots. Là, il ne faut pas très longtemps. Le grutier perché sur son pont roulant prend d’énormes paquets ficelés par des torons de fils de fer. En moins d’une demie- heure, le tour est joué. Au suivant s’il vous plaît ! Il faut sortir pour bâcher et attendre les bordereaux d’expédition. L’équipage remonte à bord et devant les regards admiratifs du personnel et d’autres chauffeurs, le maxi code sort dignement de l’usine pour rejoindre la route de Beaucaire. Les pistons, sentant soudain leur nouvelle charge donnent du collier.

La mythique N 113 est prise à  Nîmes. A part Nîmes et Montpellier déviées, ce sont les célèbres agglomérations de Mirevals, Sète, Agde, Béziers, Coursan, Narbonne, Lézignan, Capendu, Trèbes les Capucins et Carcassonne qui sont traversées. A  Carcassonne direction Mirepoix puis Foix. La montée de Fanjeaux, pas triste. De Mirepoix à Foix, c’est le calme plat. Foix Saint-Girons ne sont que côtes et virages. Il faut plus d’une heure pour rejoindre la capitale du Couserans. Raymond, toujours aussi souriant dépose ses passagers au garage où Francis Meric les ramène à Lorp.

Alors sœurette, tu vas les étonner tes camarades quand tu leur raconteras ton retour de vacances en Hesnchel et ils te demanderont ; de quel engin parles-tu ?

 

 Raymond passera plus tard chez les transports Calmells de Muret après avoir étrenné un F 191.

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Le fameux F 140 458 BW 09 et sa belle semi Trailor.

Le fameux F 140 458 BW 09 et sa belle semi Trailor.

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commentaires

S
Toute une époque , quelle ambiance !<br /> Que de héros et leur monture sur des routes mémorables !
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