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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 21:45

 

        Fajac la Relenque, un oasis de pièces détachées dans un océan de céréales.

 

 

 

 

 

Ce dimanche 22 avril 2012, le changement du frein gauche du Farmall super FC-C est au programme. Rien de bien compliqué en principe. Le joint spi a été trouvé chez Dijeaux, la sangle rivetée à neuf chez Ariège Auto Industrie. Le carter de protection, la sangle et le plateau de freinage sont vite tombés. Maintenant c’est au tour du boîtier de roulement d’être enlevé pour récupérer le joint fatigué. Mais voilà, d’un côté un boulon qui sert d’extracteur semble résister légèrement, la flasque ne décolle pas tout à fait parallèlement au carter du pont : trop tard, un petit clic et quelque chose a cassé de l’autre côté. Stupeur ! Le boîtier finit se sortir mais il en manque un morceau! 

André désespéré, de se lamenter ; j’ai cassé la pièce, j’ai cassé la pièce !

-ne te tracasse pas, André, ce n’est rien, il vaut mieux ca que de se faire mal.

-oui mais c’est de ma faute.

-que non, j’avais bien le nez sur le ½ arbre de frein et je n’ai rien vu venir. T’en fais pas, la pièce, nous allons la trouver et foie de la Tracpaco, le tracteur fera le défilé.

En attendant ouvrons le couvercle de boîte pour récupérer le morceau cassé, au moins tout sera prêt pour le remontage. Aussi pour travailler à l’aise, aile et roue sont déposées, après calage du pont, ainsi que le siège et son support. Le couvercle dévissé, il faut aussi démonter le caisson de la batterie et élinguer la colonne du volant qui se trouve orpheline. Merveille, boîte de vitesse et pont sont dans un état magnifique. Aucune denture ne porte de stigmate d’usure. Le niveau d’huile est impeccable. Pour un engin de 58 ans, que demander de plus ?

-tu vois, André, au moins nous aurons fait une belle découverte. Allez, pour aujourd’hui, ce sera bien.

Dès le soir d’intenses recherches étaient lancées.

-centre Gacéen d’occasion

-Lebrun tracteurs

-Fleurance

-shop agri

Et toutes les relations personnelles dont le cousin Yves à Toulouse, Hubert à La Barthe Inard.

Le centre Gacéen annonce le surlendemain, nous avons la pièce. Par précaution plusieurs photos et les côtes sont envoyées. A la réception, d’emblée ce n’est pas la même. Si l’alésage qui rentre dans le carter du pont est identique, la flasque est plus épaisse. C’est probablement celle d’un super FC-D. Elle ne peut en aucun cas convenir.  Le demi-arbre ne sortirait pas assez. Le centre Gacéen accepte de reprendre le colis.

Vers qui se tourner ?

 

Fajac.PNG

                    Fajac la Relenque dans l'Aude, merveilleux site.

 

Mais à Fajac, Mr Bousquet doit bien avoir ça ?

-Oui, j’ai bien du super FC-C mais il est dans le tas. Il faut que je le tire à la chaîne. Rappelez-moi vendredi.

Le jour idoine, bonne nouvelle, la carcasse est dégagée.

-Nous pourrions venir samedi matin 14 juillet, vous êtes ouvert ?

-pas de problème, venez donc samedi.

A 10 heures, ce samedi, l’équipage était sur les lieux. Fajac la Relenque, c’est dans les coteaux un peu après Mazères d’Ariège. C’est une contrée agricole. En ce mois de juillet, c’est la pleine moisson. Les colzas sont déjà récoltés mais le blé coule à flot. C’est la principale céréale. Trois machines sont à l’œuvre : une John Deere équipée du dévers de coteaux, une Claas vue de loin qui semble être une Lexion et une New Holland. Certains champs sont assez pentus.

Vraiment il faut revenir l’année prochaine et faire un petit reportage. Arrivés au très joli village de Fajac la Relenque, il faut demander où se trouve l’honorable récupérateur de pièces agricoles. 

 

La-Relenque.PNG

Prenez la route du haut nous indique une habitante et vous y arrivez tout droit, c’est à deux pas. Effectivement arrivé en haut de la côte, c’est l’oasis. Le parc est assez grand mais soigneusement protégé par une épaisse haie d’arbres et d arbustes. Le maître des lieux accueille les  chirurgiens. Il est déjà plus de 10 heures mais il faut faire avant le tour des aires de stockage et découvrir des tas de mécaniques en fin de vie mais dans lesquelles il y a encore des pièces précieuses à récupérer : pour preuve, deux épaves de super FC-C ont été déposées sur une aire bétonnée. On se croirait dans un bloc opératoire de campagne. Il n’y a vraiment que les carcasses, c’est tout à fait ce qu’il faut, quelle gentillesse.

Les émules d’Ambroise Paré se mettent à l’œuvre et le palier étant très accessible, sera vite démonté.

Tout en opérant, les chirurgiens demandent :

-ce n’est pas un Pony que vous avez dans le tas au dessus ?

-si fait, c’est un 821.

-pas possible, il y a la pompe à eau ?

-ah, oui, vous la voulez ? Je vous attrape le morceau avec la Poclain.

En s’approchant ; mais c’est un moteur de Fahr, là-dessous ; justement il me faut un culbuteur.

-démontez, prenez ce qu’il vous faut. Tout ce métal est là pour ça.

Ici un Master dépouillé, là un B 450 assez complet mais probablement bloqué….

La pompe à eau a été vite démontée. Les boulons du capot, récalcitrants, ont été “oxy coupés” avec la clé universelle. Pas besoin de s’embêter.

-venez voir les tracteurs et l’autre parc.

Caramba, que de matériel ; de l’Allis-Chalmers, du Mac-Cormick, du Renault, le BMD qui fait le défilé à Mazères, un Guldner comme neuf. Et là un Berliet GLR 250 avec sa belle cabine arrondie, un symbole de la France industrielle des années 60 et de la tout puissance d’une marque légendaire.

Dites nous combien nous vous devons et excuser nous d’abuser de votre temps, mais vous comprenez, dans un sanctuaire pareil, on ne peut que se recueillir. Vous venez manger avec nous ?

-merci mais autant ce matin j’étais libre, autant cet après midi j’ai des occupations au village car j’en suis aussi le maire. Vous avez bien embarqué les précieuses reliques au moins ?

-oui, oui, tout est casé dans le plus grand secret. Merci encore et à la prochaine.

La-piece-precieuse-du-super-FC-C.jpg

                                            Le voici ce fameux boîtier; le morceau cassé se voit bien! 

Un arrêt buffet à Mazères s’impose. Les colistiers n’en revenaient pas. Souvent ce que l’on cherche loin se trouve à proximité.

Dimanche 15 juillet.

Normalement le remontage ne devrait poser aucun problème. Il faut d’abord baisser le niveau d’huile du pont pour travailler à l’aise, enlever la trompette pour dégager la couronne d’entraînement de l’arbre de frein puis remonter à l’inverse après le vissage du précieux palier. Tout se passe bien. En fin d’après midi le Farmall est sur pied. Le plus dur a été de remettre la sangle de frein, mais sans forcer, tout rentre dans l’ordre. Après essai, le freinage est puissant, les roues bloquent.

-tu vois, André, le Farmall est prêt pour son huitième défilé. Tu imagines Saint-Girons s’il n’avait pas été là ?

Dorénavant, ne plus oublier ; une pièce manque? Direction Fajac la Relenque !!!!

 

 

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commentaires

A
<br /> J'attends de votre part tels articles dans les prochains jours car le sujet m'a intéressé,et j'aimerai bien lire d'autres, à condition qu'ils seront de tel niveau, félicitaion pour le choix du<br /> sujet et bonne continuation !!<br />
Répondre
W
<br /> <br /> Bonsoir<br /> <br /> <br /> Merci de votre commentaire qui fait énormément plaisir et récompense le travail du modeste écrivain. L'année prochaine sera en principe fertile toujours dans les sujets du machinisme agricole et<br /> du poids lourd.<br /> <br /> <br /> Bien à vous,<br /> <br /> <br /> William Deering.<br /> <br /> <br /> <br />

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