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24 janvier 2019 4 24 /01 /janvier /2019 20:34

Du gris, du bleu, du vert à Antic Agri,

samedi 9 et dimanche 10 septembre 2017

 

 

John Deere, Lanz et le matériel forestier, voilà quel était le thème 2017. De plus le club Lanz avait souhaité faire la finale Régionale et Nationale du concours de labour.à Longages. Cette décision était déjà prise depuis plusieurs mois et l'organisation de Labour Passion avait donné son accord.

Les préparatifs durant la semaine étaient allés bon train. Le dimanche 3, le terrain avait été bien nettoyé. A partir de jeudi, tout était en place. Les monteurs n'avaient pas chômé. Le vendredi c'était encore bien calme. Quelques tracteurs étaient en poste. Les autres allaient ils venir ? Plus de 100 des deux marques à l'honneur étaient attendus. Peu à peu cependant, tels les petits ruisseaux qui font les grandes rivères, les mécaniques arrivaient ; tantôt par la route, tantôt en remorque derrière les remorqueurs, tantôt sur les porte chars. Oh, il y avait fort à parier que comme d'habitude il en viendrait encore le samedi.

Les entichés de la météo étaient pessimistes. Il n'allait pas faire beau samedi. Hé bien qui vivra verra et puis si la terre est arrosée, les socs rentreront mieux . Parfois, c'était vrai, dame pluie s'était invitée et arrosa de ses flots copieux une bonne partie de la nuit et jusque vers 11 heures. Au moins se récriaient les optimistes, quand le nuage

sera crevé et l'éponge céleste asséchée, Hélios finira bien par darder la planète terre de ses puissants rayons. C'est bien ce qui s'est passé. A part deux averses, sans doute la bénédiction ultime, en début d'après midi les deux jours, ce furent une journée et demi merveilleuses.

Finalement l'esplanade avait fini par se remplir. Certes un peu moins de bolides qu'en 2016 dernière mais un décompte assez impressionnant ;

51 John Deere anciens .

28 John Deere nouveaux.

78 Lanz.

66 tracteurs et chenillards de diverses marques soit

223 tracteurs.

7 tracteurs forestiers/ Latil, Tiger Cat ,JD, Timberjack.

34 charrues.

9 outils divers.

2 motoculteurs. 295 pièces au total.

Le plateau était fort bien rempli ce qui pour le thème choisi était plus que correct.

Dans les modèles hors thème, le fond de commerce pourrait-on dire, un champion attirait l'attention. Un Fordson 4 roues, quelques Vendeuvre, les grands rouges représentés par les Farmall M, FCN, F137D, Cub. Les Someca présents et les FIAT à chenilles venaient-ils de Salles sur Garonne ?

La disposition bien sur était en rond comme maintenant depuis plusieurs années. Sous le magnifique bosquet se trouvaient les activités du bois ; fendage avec la mini pelle, la splendide scie à banc de Jacques. Puis différents stands , chapelier, miniatures de St , artisans orfèvres du bois, outillage et vêtements de travail. Un peu à l'écart le ronronnement feutré du groupe électrogène rappelait que l'autonomie en ampères était totale. Au bord du maïs, sur la partie supérieure, chambres froides et chapiteau pour les agapes. A midi, malgré la fréquentation encore peu soutenue, 400 plateaux repas, innovation pour cette année, ont été servis pour le plus grand bonheur semble-t-il des baroudeurs. La petite ferme sous le bois d'acacias, oeuvre d'André, abritait tous les animaux de la basse cour et les énormes bœufs Salers de robe noire, venus de Betchat. A côté de la buvette et de la sandwicherie, le PC de labour passion (la gestion des repas assurée avec maestria par Martine), le boulanger, l'association PASTEL représentée par Honoré et les pneus de José ( 4 pneus achetés deux offerts avait-il clamé au micro!).

En prolongement du matériel moderne, les moissonneuses batteuses et l'ensileuse JD, le stand VW, un marchand de foulards et de petits objets cadeaux, la tente de la protection civile et un vendeur de vin (dans le vin, la vérité!).

Le labour des motoculteurs a bien eu lieu. Comme il n'y avait que deux participants il est difficile de parler de concours. Il faudrait absolument, cher président qu'il y ait beaucoup plus de concurrents. Il y en avait eu une année plus de 15. C'est un joli spectacle, non, un peu éprouvant pour ceux qui sont aux manettes mais si sympathique ?

Dans la matinée, l'allée centrale commençait à être un peu boueuse et glissante. Heureusement le terrain très filtrant de cette région eut tôt fait d'absorber l'eau et dès le réchauffement du soleil apparu les inquiétudes furent vite dissipées.

Autre innovation pour cette 16 ème édition, la grande terrasse construite par les bons soins de Gérard avec mur de soutènement et sol en lame bois. En avancée le podium amovible et couvert avec sono amenés par camion. Presque du luxe pour Antic Agri ! Et une vision du parc quasi féérique.

L'après midi finale régionale du concours de labour organisée par le club Lanz. Les participants se présentaient puis un tirage au sort de leur parcelle était effectué. Mr ….avec son bel accent Bourguignon indiquait les dernières prescriptions. Toutes les marques de tracteurs étaient admises avec seulement des charrues traînées. Vers 14h 30 toute la cohorte pétaradante et grinçante rejoignait le champ de l'épreuve, en face, à côté du gigantesque champ de maïs. Les parcelles avaient été soigneusement délimitées par André et Narcisse. Les concurrents ne pouvaient avoir démarré qu'après avoir reçu le feu vert de trois membres du jury. Puis une fois la raie d 'ouverture faite ils devaient à nouveau attendre la visite du jury ; fermer la curade, faire quatre tours et finir la parcelle.

Le vent et la température peu clémente après une bonne averse n'avaient point découragé les visiteurs. Il est toujours agréable de voir le monde qui vient admirer le labour, la minutie des laboureurs, la qualité du matériel, la beauté des socs qui pénètrent sans peine semble-il et enfouissent les débris végétaux dans un mouvement silencieux et grâcieux, laissant présager l'abondance de la récolte à venir.

Norbert, (tout souriant et hors concours vu son grand âge) et Marie-Hélène étaient sur le qui vive. Si l'assistance d'un tiers n 'était pas autorisée, quelques petits signes discrets permettaient de rectifier un cap.

Marcel Furlan avec son petit chenillard Saint-Chamond avait fait le déplacement depuis Lusignan Petit. A côté, l'inégalable bruit du moteur Berliet MDY 20 sur le Continental d' Yves, la marque à l'emblème des deux lions, ne pouvait qu'attirer l'attention . Un John Deere R , premier Diesel de la maison de Molines avec lui aussi son bruit si caractéristique, détournait les regards. Il menait sans peine une belle charrue trois socs.

Quel chantier, quelle beauté. Au bout d'environ deux heures, alors que le jury avait jugé tous les participants, les équipages rejoignaient le terrain de la fête, décrochaient les charrues, se garaient et le public refluait lui aussi. En attendant la remise des prix, les activités n'en continuaient pas moins. Toutefois, la fréquentation sous le bosquet n'était pas aussi élevée que ce que les organisateurs avaient souhaité alors que le coin est si charmant. Jacques, grand maître de la scie, l'homme au “Latil” avait néanmoins fait une démonstration éblouissante avec sa machine des années 20. Avec ses réglages précis pour l'époque, elle réalisait un travail très fin. La courroie qui patinait un tant soit peu eut tôt fait d'obtempérer après l'enduction d'un peu de barbiturique (la fameuse pois!).

André aux commandes de sa petite Schaeff, fendait de belles billes avec la vis entraînée par moteur hydraulique. Un Couserannais de passage, du Port, et habitué d'Antic Agri ignorait l'existence de cet accessoire et en était enchanté.

Les bœufs de Rémy, François et Pierrot avaient fait leur démonstration. Huros et Houblon maintenant adultes, pesant plus d'une tonne chacun, avec leur physionomie sérieuse et presque farouche, étaient des modèles de sagesse, de force et d'obéissance. A côté de leur terrain expérimental le gros tracteur John Deere à chenilles caoutchouc faisait lui aussi une démonstration de travail du sol. Quel contraste et quel spectacle éblouissant.

Après la remise des prix, l'heure du repas sonnait. Mais alors, quelle file devant le chapiteau. Maître Coledan avait préparé une paella mais certains devant l'attente préférèrent aller dîner à la sandwicherie. L'animateur de Caussade, petit Louis, de la région de Limoges, était venu tout exprès à Antic-Agri. Maintenant ça vient de loin !

Dimanche 10 septembre.

Que n'avait il fallu en raconter des histoires, des biographies, des anecdotes, des péripéties, des évolutions au sujet des deux marques fétiches de ces deux journées ! Il y avait un auditoire très capé et à défaut d'être exhaustif il convenait d'être précis.

Le dimanche avait commencé avec l'évocation de la grande firme verte de Molines. La biographie de John Deere était passée en revue, ses migrations successives de Rutland dans le Vermont jusqu'à Molines dans l'Illinois, le choix génial de l'emblème du cerf modifié 7 fois depuis sa création, l'éclatante trouvaille du jeune forgeron du soc de charrue en acier poli, l'achat des tracteurs Waterloo Boy en 1917 dont le vert restera le même jusqu'à nos jours, les modèles A,B D, GP, R puis la série New Génération en 1960, l'évolution des usines (Atlanta, Dubuque, Thibaudeaux, Cataleo), l'importateur exclusif Bergerat Monnoyeur en 1929, le plan Marshall, l'arrivée à Mannheim en 1956. Quel périple !

Vint le tour de Lanz dont l'immense histoire en est aussi un monument. Après les batteuses et machines à vapeur du 19 ème, l'entreprise devint le leader mondial des tracteurs à boule chaude sous l'égide de l'ingénieur Huber Fritz, mit au point l'invention de la fonte perlitique en 1912, la création du premier tracteur le HL 12 en 1921 après une timide apparition dans les énormes tracteurs (Landbaumotor), les différentes séries qui se sont succédées ( HE HM HR), les très graves avanies subies par la grande entreprise pendant la guerre, le passage au pas métrique en 1941, les gazogènes, les engins à chenilles, l'expansion de Lanz en Espagne, en Australie, en Amérique du sud, les nombreuses filiales dans de multiples villes d 'Europe et enfin John Deere qui acquiert la firme en 1956. Du bleu en 1948 les tracteurs, après avoir abandonné la boule chaude en 1952 étaient passé au vert en septembre 1956.

Pendant cette fantastique deuxième journée, les différentes animations ne chômaient point. Le battage traditionnel ne pouvait pas ne pas avoir lieu. La rare batteuse Onillon de Nantes officiait sous la conduite de Mathieu. Elle lui avait été léguée par son grand- père. Elle était approvisionnée par une remorque attelée à un rare AFVH Renault complet mais portant avec fierté le poids des ans. Guytou et son équipe menaient la grosse batteuse Vierzon avec dextérité.

A midi et demie, immense et très belle surprise. Le convoi exceptionnel venant de la ferme de Gérard arrive à petit pas sous les yeux médusés des spectateurs. Eric, ému aux larmes, ne tarit pas d'éloges sur la magnifique 6 cylindres Duvant et sur l'équipe qui l' a sauvé de l'abandon et l'a remis en route. Ce pachyderme monté sur un bâti fait maison ne pèse pas moins de 62 tonnes. Le magnifique Volvo et sa belle semi franchissent le passage avec une prudence de loup. L'assistance retient son souffle. Le busage résiste et telle la fusée Apollo l'énorme convoi pose tout en douceur le gros moteur hissé sur ses vérins. Quelques minutes après, le staff des mécaniciens met en route cet incroyable Diesel. Les curieux et passionnés montent à l'assaut de la plateforme.

En début d'après midi la finale nationale du concours de labour du club Lanz se lançait à la conquête des parcelles. Là c'était du grand art puisque les finalistes venaient de presque toutes les régions de France. L'association Labour Passion prêtait le matériel aux concurrents venus des lointaines contrées. C'était fabuleux de voir le monde, telle une gigantesque vague, affluer vers le champ des exploits. Comme quoi le labour avec ces vieilles mécaniques est toujours un moment très prisé. Un temps, le théâtre principal s'était vidé de ses occupants et vers 16h 30 le public retraversait le rubicond et venait pour quelques heures encore se divertir.

Là haut, sous les petits chênes, Mr Latil ne cessait de s'époumoner ; envoyez du monde, nom d'une pipe, je ne vais pas scier du bois dans le désert !

Les tracteurs des adhérents virevoltaient avec majesté de ci de là dans les allées de l'exposition ;

Le jury du labour, en pleine délibération, préparait le classement pour la remise des prix.

Tout n'était que bruissement, brouhaha, interpellations joyeuses, ronflements de moteurs, cacardement des oies de la petite ferme, éclats de voies des bouviers, appels du président pour rappeler les étapes du programme, bref une véritable ruche bourdonnante de plaisir et de bien être.

L'illustre Duvant 9 cylindres type Voss, un habitué de Longages celui là, n'aura pas manqué d'étonner une fois de plus avec ses gigantesques panaches de fumée bleutée et le joli sifflement du turbo. Son ordre d'allumage est toujours un mystère…..

Le meunier avec sa machine à vapeur SFV rappelait que l'industrie de la vapeur pendant un peu plus d'un siècle avait permis un formidable développement industriel et agricole.

Peu à peu, hélas, cette merveilleuse journée s'étiolait, ce n'était sans doute que partie remise pour une autre étape.

Vint enfin la remise des prix aux valeureux laboureurs. Le champion nous venait de Lorraine. Multiples cadeaux et coupes étaient offerts par les différents officiels devant un parterre radieux et attentif. Les journalistes de tracteur Passion Collection, de Tractorama, de Tracteur Retro avaient fait le déplacement. Une grande première pour Longages. La notoriété d'Antic Agri semblait maintenant propulsée sur une belle orbite.

Si à midi le repas sous le chapiteau avait accueilli dans les 540 gourmands, le repas de soirée avec un peu plus de 150 membres clôturait cet éblouissant dimanche 10 septembre. Et déjà un bruit de coursive laissait entendre qu' en 2018 ce serait le thème... ? Un garçonnet demandait à son père ; on reviendra Papa l'année prochaine ?

Ils connaissaient le tracteur et le champ par cœur. Leur main, doigts écartés, se perchait en papillon sur la boule douce et chaude du levier de vitesse qui leur transmettait dans le bras, dans l'épaule et jusque dans le dos le clapotement tumultueux des pignons. Ils goûtaient dans l'harmonie des moteurs réguliers comme des horloges et de l'énorme tintamarre des transmissions une volupté dont ils gardaient le secret.

 

John Deere;

Jamais je ne mettrai mon nom sur un outil sans que je n'ai donné le meilleur de moi même.

La terre tourne, John Deere retourne la terre”.

 

 

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