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8 février 2009 7 08 /02 /février /2009 02:44


                                                                                          Cervoline Fleurine ce 08 février 2009

 

 

 

 

 

 

 

    Légendes en marche : le H de VOUGY

 

 

En 1939 la légende qui auréole l’histoire du Farmall s’accélère. Le H, le mythique H, sort des chaînes de la International Harvester à Chicago. Sa carrière durera jusqu’en 1953. Son tirage s’élèvera à 391229 exemplaires. C’est un score époustouflant tant dans la quantité que dans la durée. Peu de tracteurs pourront se prévaloir d’un tel succès.

Haut sur pattes, livré sans ailes ni relevage, doté de la prise de force arrière, d’une faucheuse, d’une fourche hydraulique à un seul vérin latéral, il a 5 vitesse et est livré en row-crop( roues serrées à l’avant) ou en essieu large. C’est un “ pétrolier ” qui à donc un petit réservoir à essence pour démarrer sur le cycle essence à froid. Le volant est haut, la manette des gaz à l’horizontale, les phares au dessus du réservoir. Il est typique et plaira beaucoup. Son moteur de  2.490 litres de cylindrée développe 25 chevaux à la barre ou 28 à la poulie. Cette poulie est de série et est enrobée de fibres de bois compressées qui rendent l’adhérence de la courroie bien meilleure. C’est un grand travailleur, il le prouvera durant toute sa carrière. En France il débarque avec le plan Marshall, se vendra à quelques 3839  exemplaires et excellera dans les travaux des moyennes et grandes exploitations.                                    le H dans la cour de la ferme à Vougy

A Vougy, dans la Loire, chez le Grand-père de Marko, le mirifique H fut le premier tracteur ou il entrait de plein pied en concurrence avec les huit splendides chevaux de trait.

Déjà, Marko, tout petit lorsqu’il arrivait à la ferme de ses Grands-parents avec ses frères et sœurs après une longue journée dans le Bordeaux Genève propulsé par son magnifique Diesel De Dietrich, se précipitait au garage pour voir le H, le toucher du regard et sentir l’odeur de carburants et d’huile qui imprégnaient l’atmosphère. Quel ébahissement ! Puis il allait voir le 265 et le Cub dans les stalles d’à côté. La bas tout était IH ; tracteurs, faucheuses, botteleuse, moissonneuse-batteuse, corn-picker, épandeur à fumier, déchaumeuse, semoir à blé, arracheuse de pommes de terre. Le fournisseur, c’étaient les frères Goliard à Roanne, très grand concessionnaire qui régnait en maître dans les alentours. Après cette visite solennelle il refermait discrètement la grande porte coulissante et s’endormait paisiblement. Quand il devint adolescent quelle ne fut pas sa joie de pouvoir enfin guider ce prestigieux tracteur. Son père lui avait tellement parlé de ce bijou dans les conversations au coin du feu qu’il s’en était pris d’une folle admiration.

Aussi après s’être fait la main sur les deux autres Farmall, 265 et Cub, son oncle lui confiait progressivement la conduite du géant de Chicago. Déjà à ce moment là il était à la deuxième moitié de sa carrière et il se contentait de travaux plus légers : remorquer les chars de foin ou de luzerne, faner, andainer et charger à la fourche hydraulique.

Le démarrage du pétrolier était toujours quelque chose de palpitant. Sur le cycle essence il ne se faisait pas prier. Quand il était chaud, au bout de quelques minutes, l’indicateur de température logé au milieu du capot moteur sous un petit renflement décollant de la zone verte, il fallait fermer le robinet d’essence, ouvrir celui du pétrole et le tour était joué. La sonorité changeait un peu, les pistons prenaient leur pleine respiration et grâce au mélange air pétrole moins détonant que l’air essence le moteur endothermique ne craignait pas les rudes travaux.

En septembre pour les ensilages de maïs et parfois de luzerne le H était encore de la partie. C’était encore l’époque ou l’ensileuse Taarup à fléaux menée avec héroïsme par le F 240 du voisin assurait la production. Le silo était du type tranchée en béton. Au début tracteur et char rentraient dedans et la charge était vidée à la main. Pour finir de remplir le silo à n’en plus pouvoir le H entrainait une petite ensileuse à la poulie qui avalait les pieds de maïs entiers coupés à la lieuse ! Il arrivait parfois qu’au départ dans la frénésie joyeuse du chantier l’on oubliait de passer le moteur sur le cycle au pétrole. Alors au bout d’un moment un petit nuage de vapeur sortait du radiateur et l’aiguille du thermomètre montait dans le rouge : alerte le moteur chauffe rugissait un tâcheron, vite il faut le passer au pétrole !!! Inversement  il arrivait qu’après un repas pantagruélique prolongé il refuse de partir au pétrole. Rien de grave, une simple purge du circuit suffisait. Dés qu’à l’odeur du carburant qui s’écoulait par terre l’opérateur sentait l’essence, fermeture du robinet, trois coups de démarreur et le valeureux moteur attaquait de plus belle.

Son bruit était extraordinaire. Il n’était que d’entendre les baisses de régime lorsqu’un gros bouchon passait dans l’ensileuse et le couple moteur donner tout son allant après une correction du régulateur. Un volcan semblait sortir de la tuyère d’échappement. A la décélération, des flammes en sortaient quand la mécanique était très chaude. Fabuleux H, tu n’avais pas ton pareil !

Le percheron attend sagement son chargement effectué avec brio par le H, tonton andré au volant.

Sur la route c’était une gazelle. En 5 ème il était très rapide. Seul le jeu dans les rotules de direction et dans les fusées imposaient au conducteur de calmer son ardeur et puis il fallait attendre le Cub au retour des Mac-Cormick des prés de Ponjar ou de la ferme des trois ponts à Roanne.

A la fin de sa carrière, Marko s’était tellement entiché de cet engin qu’il avait dit à son oncle : quand tu ne t’en serviras plus, peut-être tu me le donneras le H un jour ? Finalement des ferrailleurs de passage l’emportèrent pour lui donner une deuxième vie dans quelque haut fourneau. C’était vers 1985. L’heure des collectionneurs n’avait pas encore tout à fait sonnée.
Dunes(47) septembre 2007,un splendide H se fait admirer,Marko est fiévreux!

Ô H, ton empreinte était entrée dans la légende : ton frère le M, plus puissant te ressemblait comme un jumeau, puis le MD, le super BMD et enfin le B450 avaient la même bouille. Cette calandre si expressive était absolument émouvante.

Tracteurs de notre temps, restez avec nous, la saga continue !

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