Les Tapedurs Bellopodiens à l'oeuvre
Lors de l'assemblée générale du 6 mars il avait été décidé de faire la foire de printemps le 3 avril. Il faut remonter à 2019 pour la dernière édition.
-Vous serez des nôtres avait demandé le sémillant président au Saint-Gironnais?
-Oui, puisque vous m'invitez. C'est aussi la foire de Réalmont mais je viendrai à Belpech.
A 8h20, départ de Saint-Girons ce dimanche matin 3 avril. Le temps est un peu détraqué ces jours-ci. La veille le Couserans était recouvert d'une épaisse couche de neige. A Lescure voilà t il pas que les flocons commencent à retomber épais, drus. Enfin à Saint-Jean de Verges l'horizon s'éclaircit. La journée sera belle mais froide.
Après 76km la jolie bourgade de Belpech ouvre les bras à ses visiteurs. Il est facile de trouver une place de stationnement en face de la salle des fêtes. Les tracteurs sont là, rangés en épis de part et d'autre de la rue du 8 mai 1945 qui mène à la grande place. Cette année la disposition a un peu changé. L'esplanade étant réservée aux marchands plus nombreux, les vieilles mécaniques ont migré.
Les membres de l'association des Tapedurs sont occupés à casser la croûte à la salle des fêtes. C'est le moment d'aller les saluer et de s'inscrire pour le repas. A Belpech, bonne ambiance garantie.
Norbert, tout sourire, annonce au Saint-Gironnais qu'il lui a amené la plaque constructeur qu'il recherchait tant pour son Dexta. Ainsi nous serons dans la plaque lui répondit-il tout en le remerciant chaleureusement.
De plus les tracteurs sont rangés par marques. Les Renault 3040, 7022 (Hispano-Herculès), D22 en deux exemplaires sont en tête. Suivent les Someca, le gros Bolinder refait à neuf de Jalabert transporté sur le camion Belphégor depuis Verfeil, le TEA 20, le SAME Puledro, le Bolinder 230, le Massey-Harris 744. En face une pléiade de IH se côtoient; le gros et beau Farmall 1066, le Super FC-C à roues arrières jumelées, le Super FC-D, le B450 de Max, le Farmall M équipé en gazogène, le Lanz 2406, un rare Président à soupapes latérales (distribué à l'époque par la Sevita), une floppée de Vierzon 302 402 dont ceux de Ben-Hur et de la Souche, un rare et beau Gartner à moteur Cérès, un petit Holder (la firme de Grunbach) et le magnifique Hanomag de 1928 à roues fer de Jean-Christophe. 35 véhicules trônent là.
Le public est assez dense et déambule tranquillement dans les allées libres de toute circulation. Que de marchands! Paniers d'osier, miel, confiseries, photos d'antan, buvette, petits plants de légumes et de fleurs... Seuls les animaux à l'exception d'un âne et de deux cochons n'ont pas été amenés vu le mauvais temps de la veille. L'entrée du fond qui mène au centre ville est fermée par un Case attelé à l'énorme round-baller Mc-Halle. Tracteur à chenilles et moissonneuse-batteuse Claas sont en face de lui. Ici comme partout ailleurs l'ancien et le moderne se côtoient. Quiconque peut voir l'évolution du matériel en quelques décennies.
A l'autre bout, le monde s'est concentré autour d'un petit kiosque monté sur une remorque attelée à un Someca. C'est la sono. Jean-Christophe fait les présentations et revêtu de la toge de la confrérie des fins gourmets Bellopodiens intronise un nouveau membre. On le sent heureux! Il y a de quoi vu cette belle journée. Les Pastous du Couserans sont là ainsi que l'incontournable fanfare.
Vers midi la foule gagne peu à peu la grande halle, lieu du banquet habituel. Les Tapedurs ont une table réservée. Un peu avant midi trente tous les convives sont placés. Il y en a bien au moins dans les 400. La fanfare joue pendant les hors d'œuvre. Jean-Pierre, une connaissance de Chalabre a pris place à côté du Saint-Gironnais. Lorsque les décibels diminuent ils peuvent converser à leur guise et font le point sur l'avancement de leurs recherches en cours sur le machinisme.
Entre deux plats la fanfare gratifie son auditoire de tonitruantes partitions puis à la fin les Pastous sont à l'honneur. Il sera largement 15h30 quand après avoir pris des couleurs et des forces les joyeux attablés quittent la cène. Maintenant place au défilé.
Autour des tracteurs c'est la cohue. Chacun démarre le sien. Ceux des Vierzon chauffent les boules, surs et fiers de ne pas perdre la leur, le Massey-Harris de son magistral 6 cylindres Perkins P6 est le préposé au remorquage de ceux qui n'ont pas de batteries ou de démarreur, le B450 après un long préchauffage rugit de la toute puissance de son moteur BD264 en éructant pendant un bon moment de la fumée bleuâtre, l'Hispano a démarré au 1/4 de tour ( il ne s'agirait de confondre tout de même le bruit de son DOOD à celui du Perkins P4). Seront remorqués pour démarrer, le Junior, un D22, le Lanz 2406. Le 744 fabriqué à Kilmarnock, une des célèbres productions du plan Marshall, s'en fait une joie. Son Perkins fait l'émerveillement de plus d'un admirateur.
Jean-Christophe est très attentif aux manœuvres, saute avec aisance d'un tracteur à l'autre alors que le public est très proche. Ce moment rappelle celui où Tom Carroll revêtu de sa combinaison blanche surveillait l'armada des moissonneuses batteuses Massey-Harris des brigades harvestore au Canada pendant la deuxième guerre. Il y a une petite bévue imprévue au programme. L'homme de la sono est parti avec son matériel. Il n'avait certainement pas compris que sa tâche n'était pas terminée. Il n' y aura donc pas de commentaires radio ce jour puisque l'Indépendant n'est pas là non plus. Dommage pour le public, la troupe est quand même heureuse, ce sera sans doute pour l'année prochaine. Pour ce tour de ville, resteront à quai; le TEA 20, le M, le 3040.
Noël et Jean-Christophe peaufinent rapidement le circuit puis le convoi s'ébranle. Les Vierzon de “la Souche” et de “Ben-Hur” malgré leur carrosserie surannée montent haut dans les décibels et leurs monocylindres font un tapage qui a bien donné son nom aux Tapedurs Bellopodiens. La petite chienne noire est affolée par l'énorme bruit des semi diesels. Son maître la calme et la rassure mais elle reste sur le qui vive.
Le vent de noroît a considérablement refroidi l'atmosphère. Les étalagistes plient boutique. Les tracteurs reviennent de leur circuit et reprennent le chemin de leurs bases respectives. Norbert a prudemment chargé le Bolinder sur le Citroën Belphégor grâce à de solides rampes. Le tout est bien arrimé et il reprend la direction de Verfeil après avoir donné la pièce précieuse au Saint-Gironnais. Bien encapuchonné, Max repart chez lui au volant du grand B450.
Encore quelques mots avec le gardien des tracteurs de Jean-Christophe, avec Mr le Maire puis avec Noël qui repart avec son Bolinder 230 et c'est le retour vers Saint-Girons après avoir envoyé un petit message à Jean-Christophe.
Bravo les Tapedurs Bellopodiens! Rassure toi, cher public, ici les tapes ne sont qu'amicales, Belpech sait accueillir!
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